dimanche 16 août 2015

Creux-du-Van : comment un père s'est jeté dans le vide avec ses deux enfants

Ce terrible drame familial s’est joué vendredi aux aurores. Un homme de 36 ans résidant aux Hôpitaux-Vieux, dans le Haut-Doubs, s’est jeté d’une falaise de 150 mètres, en emportant dans le vide ses deux enfants, un garçonnet de 2 ans et une fillette de 3 ans.
Les autorités suisses ont retrouvé sa voiture garée au sommet du cirque du Creux du Van, fleuron touristique du canton de Neuchâtel, à proximité du chalet restaurant d’alpage. À l’intérieur du véhicule, une brève lettre. Manuscrite. L’homme explique son geste insensé par une décision de justice défavorable concernant la garde de ses deux bambins, dans le cadre d’une procédure de divorce.
Tôt le vendredi matin, le père des deux petites victimes avait pris soin de prévenir sa sœur, annonçant l’imminence et le lieu de son acte désespéré à venir.

Un quatrième cadavre qui a semé le doute

La police suisse a été avisée de la situation peu après 9 heures. Un important dispositif – 40 hommes et un hélicoptère – a été déployé sur le terrain. Mais il était déjà trop tard. Le corps du Doubien et ceux de ses enfants ont été retrouvés au pied de l’immense falaise, dans une zone très escarpée. Selon les premières constatations, les petits n’avaient pas d’entraves visibles, ni corde, ni lien.
À 300 mètres de là, le cadavre d’une femme a également été découvert. Contrairement aux hypothèses initiales des enquêteurs, il ne s’agissait pas de la mère de famille haut-doubienne. Le lieu est malheureusement propice aux actes désespérés ( lire par ailleurs ) : ce second suicide, concomitant, n’avait aucun lien avec le double infanticide.
L’enquête, conduite par les Suisses, à laquelle ont participé les gendarmes du Doubs, se poursuit. Hier avait lieu l’autopsie des trois cadavres. Certaines circonstances de la tragédie restent à préciser. Les conséquences d’ordre judiciaire, elles, semblent limitées. « Nous partons sur une procédure de meurtre à l’encontre des deux enfants. Si cette hypothèse se transforme en vérité, l’action pénale sera ensuite éteinte, en raison de la mort du suspect », a indiqué le procureur suisse Jean-Paul Ros, lors d’une conférence de presse à Neuchâtel.
La maman du garçonnet et de la fillette, elle, a finalement été retrouvée saine et sauve vers 17 h 30, de longues heures après la macabre découverte. Les autorités craignaient que son compagnon s’en soit d’abord pris à elle, avant de concrétiser son funeste projet. Lorsque les gendarmes ont fini par la localiser, elle n’était au courant de rien. Elle bénéficie depuis d’un soutien psychologique particulier.
Stupeur et consternation aux Hôpitaux-Vieux samedi matin. L’annonce du drame a été rapide dans le village, dès la veille. Le père de famille était installé dans une grande ferme au village où il avait également aménagé un gîte.
Le maire, Louis Poix, était sous le choc, comme toute la population. C’est lui qui avait marié le jeune couple.
« On voyait les enfants tous les jours »
La préfecture du Doubs et la sous-préfecture de Pontarlier ont pris les devants, dès vendredi, auprès de la mairie pour évoquer une possible cellule psychologique au village dès demain lundi.
« Oui, ce sera sans doute nécessaire », témoigne une voisine. « On ne se rend pas bien compte mais on voyait tous les jours les enfants rigoler devant la maison en arrosant les fleurs. C’est incompréhensible. Leur papa n’a jamais donné de signe, on ne pouvait pas se douter. C’est une période noire. »
Le père de famille était opticien à Pontarlier puis peut-être en Suisse, mais aussi moniteur de ski à son compte et compétiteur assidu, alignant les performances dans la plupart des courses de ski nordique de la région, les ultra-trails et notamment celui du Mont-Blanc. Ses amis parlent de sa « solidité et de son mental d’acier ».
Il s’était marié en 2013 aux Hôpitaux avec sa compagne originaire du pays de Montbéliard. Les deux enfants étaient nés en 2012 et 2013.
Le père était très discret au village. Il semble que le couple était séparé depuis plusieurs mois. On évoque une séparation particulièrement conflictuelle, une « guerre ouverte » malgré une tentative de divorce à l’amiable.
L’épouse aurait habité quelque temps dans un village proche. Elle devait retourner dans la région de Montbéliard. Une décision de justice apprise jeudi après-midi par un mail de son avocat concernant la garde des enfants aurait déclenché cette réaction qui laisse plusieurs familles et de nombreux proches abasourdis. « On est KO », résumait un proche. « On savait qu’il n’allait pas bien, mais de là à… On est vraiment KO. »
Vendredi soir, la gendarmerie a apposé des scellés sur la porte d’entrée de la grosse ferme rénovée

http://www.estrepublicain.fr/edition-haut-doubs/2015/08/16/suisse-un-franc-comtois-se-jette-du-creux-du-van-avec-ses-deux-enfants

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