Ses 35 années d’expérience de chasse ne l’ont pas mis à l’abri de l’accident mortel qui l’a conduit, hier, devant le tribunal correctionnel d’Agen, pour homicide involontaire. La voix parfois chevrotante, ce chasseur de 51 ans, de Grézet-Cavagnan, a raconté la battue au sanglier de ce 13 janvier 2012 au cours de laquelle Paul Belooussoff, 28 ans, a trouvé la mort.
Sur le banc des parties civiles, il n’y avait que les avocats pour l’écouter : celui de la famille et celui de la Fédération des chasseurs de Lot-et-Garonne. Les parents de la victime - dont le père dirige l’établissement Leclerc de Marmande - n’étaient pas venus revivre cette battue organisée sur leur propriété de Pompogne.
Tir fichant
Le prévenu, doté d’une réputation de « bon tireur » en rapport avec son tableau de chasse, était invité pour la troisième fois à cette chasse privée de la famille. Malgré la différence d’âge et la différence sociale : « Paulo, comme je l’appelle, je ne le considérais pas comme Monsieur Belooussoff. Je ne le considérais comme mon ami, mon copain. On faisait de belles chasses ensemble. » La matinée avait débuté par une battue au cerf.
À la barre, il n’en a pas démordu. Le tir qui a, selon toute vraisemblance, causé la mort de Paul Belooussoff, il l’a tiré dans les règles, fichant, c’est-à-dire vers le sol. Dans le brouillard, le chasseur a aperçu le gilet orange d’un compagnon à sa gauche et le brassard d’un autre à sa droite, tous deux entre cinquante et quatre-vingts mètres. Paul Belooussoff, situé apparemment à quelque 200 mètres en face de lui et en hauteur, il ne l’a pas vu, quand il a tiré à deux reprises le sanglier avec sa carabine à canons superposés. La balle qui a atteint la victime à la gorge n’a pas été retrouvée. Comment elle a pu atteindre Paul Belooussoff, à une telle distance, si elle a été tirée vers le sol, « je ne me l’explique pas », confie le quinquagénaire sur une question de son avocat, Me Alexandre Novion. « Je pense que la balle a ricoché. »
Un an avec sursis
L’hypothèse a été balayée par les parties civiles. Elles ont appuyé la thèse d’un tir direct et ascendant. « Il n’avait pas à tirer de la sorte. Il a commis une faute », a plaidé Me Christine Roul pour la famille du défunt. « Accumulation d’imprudences », « non-respect de la règle la plus élémentaire, le tir fichant » que la Fédération départementale des chasseurs, par la voix de Me Nathalie Dugast, a voulu sanctionner en se portant partie civile et réclamant, comme sa consœur, le retrait définitif du permis de chasse du quinquagénaire. Attitude « gonflée » juge Me Alexandre Novion « alors que la fédération avait, ce jour-là, deux représentants sur place », dans cette chasse « débridée » et « entre bons fusils ». Dans laquelle il régnait surtout, selon l’interprétation que fait le défenseur de la divergence des témoignages, « une grande confusion », « une cacophonie ».
Le parquet a requis 18 mois de prison avec sursis pour le chasseur et le retrait de son permis de chasse. Le tribunal l’a condamné à un an avec sursis. Le permis qu’il a obtenu à l’âge de 16 ans, avec lequel il était devenu chef de battue dans son village, il devra le rendre. Si le quinquagénaire veut à nouveau chasser un jour, il devra le repasser. Mais pas avant cinq ans.
http://www.sudouest.fr/unes/faits-divers/
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