jeudi 3 octobre 2013

On l'appelait "Caro", elle aimait la vie et le journalisme

Lorsqu'elle avait débarqué un matin de juillet 2005, elle n'était alors qu'une stagiaire parmi d'autres. Il en défile beaucoup dans les rédactions.
Parfois, certains de ces jeunes se démarquent, se remarquent. Et marquent de leur personnalité un simple stage estival. Caroline Corvalan était de ceux-là. La jeune femme, âgée de 25 ans à l'époque, s'était immédiatement intégrée à la rédaction de l'agence d'Ajaccio à Corse-matin.
On l'avait très vite appelée par son diminutif « Caro ». Elle était simple Caro, le visage large de ceux qui savent cultiver le goût des autres, naturelle dans sa façon d'être au quotidien. D'exister. Souriante aussi, avec ce demi-sourire qui éclairait un regard malicieux et pétillant. Intelligent.
Elle aimait la vie. Son futur boulot par-dessus tout. Le journalisme. Elle l'avait choisi, avait réussi le concours d'une école, l'Institut Pratique de Journalisme à Paris, et bossait dur. Ce stage, c'était l'opportunité de toucher le métier de près, de s'y frotter. Pour cela, il faut une indispensable qualité, la curiosité.
L'humain surtout
Caroline Corvalan était curieuse de tout, curieuse au meilleur sens du terme. Elle voulait comprendre. Elle voulait apprendre. Elle savait que cela passait par le terrain, le contact, l'humain surtout.
Et en cela, la jeune femme excellait. Elle parlait plusieurs langues, était parfaitement bilingue en anglais, adorait échanger.
Des compétences qui s'étaient révélées précieuses quand il s'était agi de « couvrir », dans notre jargon, l'échouement (le 9 août 2005) dans le golfe de Sagone, du Land's End, un yacht de luxe de 48 mètres, géré par un armateur basé à Monaco, battant pavillon britannique, avec à son bord 25 personnes. Caroline s'était d'elle-même proposée pour aller sur place recueillir les témoignages des passagers du bateau. Elle avait bien fait. Son sens des questions justes, sa capacité à appréhender un fait-divers pourtant loin d'être évidente quand on débute dans ce métier, s'étaient révélés payants. D'autant plus que Caro avait prouvé que si l'on pouvait lui faire confiance sur le terrain, on pouvait également la laisser suivre le cours d'une écriture qui allait droit au fait. Droit à l'essentiel. Avec de l'âme lorsque cela était nécessaire. Et du cœur. Toujours.
Simple, posée, équilibrée, tournée vers les autres, on l'a dit. Mais Caroline n'hésitait jamais à dire oui pour partager un déjeuner, une soirée entre bons potes. Elle, la sérieuse et presque trop sage jeune femme pour qui n'allait pas voir plus loin, recelait également des trésors d'humour, d'anecdotes, qui débouchaient souvent sur des fous rires partagés.
Future « pro »
Deux mois dans une rédaction, c'est peu. Caroline Corvalan en avait tiré le meilleur. S'était fait des amis, avait scellé sa conviction que ce métier lui allait bien et qu'elle ferait en sorte qu'il lui aille encore mieux, comme un gant.
Elle prenait tout ce qui lui permettait de progresser, tout ce qui lui mettait le pied à l'étrier d'une profession dont elle avait fait non pas une fin en soi mais un objectif de vie. Celui qui pourrait orienter sa route, en décliner les sentiers.
Et c'était fichtrement bien parti, car la jeune femme se montrait attentive aux remarques, aux conseils, en redemandait. Elle avait compris que pour raconter des histoires, celles du monde, il fallait s'éduquer à l'écoute. S'effacer. S'oublier pour mieux entendre.
Elle était partie les larmes aux yeux à la fin août. Il y avait eu cette image-là. L'image d'une jeune femme redevenue une gosse qui n'avait pas envie, soudain, de quitter la Corse dont elle était originaire par sa mère. Qui n'avait pas envie de quitter la rédaction qui l'avait accueillie. Le temps d'un chagrin passager…
Il y avait eu cette image-là et tellement d'autres. L'image d'une jeune femme en devenir. Belle de ses rêves à demi-dessinés. Une jeune femme avec un jardin secret dont elle entrouvrait parfois le portillon. Elle s'appelait Caro…

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