vendredi 7 octobre 2011

Toujours pas d'explication au drame de la Bourgogne, et pourtant...

Donc, nous y voilà. C'est le dimanche 8 février 2009. Ce foutu dimanche où le gamin de la Bourgogne a perdu ses espoirs, sa jeunesse, où il est devenu « un enfant pour toujours », dit Aurélie Goeminne, son avocate. ...

À l'Alma, à Roubaix, « quelqu'un » vient demander à Sébastien Desmettre s'il veut faire le chauffeur, pour aller vers la Bourgogne. « Je ne connais pas la personne », dit-il à la présidente, qui ne prend même pas la peine de faire mine de le croire.
Et pas plus quand il dit qu'au volant de l'Audi A3, il sait que Lamine Kébé est assis à l'arrière, mais qu'il n'a aucune idée de qui sont les deux autres.
D'ailleurs, c'est bien simple, il les voit à peine. « Vous savez, moi, quand je conduis... »

« Je regardais de l'autre côté »

C'est ça, c'est ça. Arrivés à la Bourgogne, ils s'arrêtent devant un groupe de jeunes. Le type qui est assis à sa droite sort son buste par le carreau ouvert, pose le fusil sur le toit et fait feu. Deux fois. Et il n'a toujours rien vu : « C'est-à-dire... Je regardais de l'autre côté. »
« Allez vous asseoir », dit la présidente. Et Lamine Kébé n'en dira pas plus. Lui aussi regardait de l'autre côté. Au moins, il a du coeur : « Je regrette vraiment ce qui s'est passé. Cette histoire est allée beaucoup trop loin. Moi, je voulais faire de mal à personne... » Derrière lui, si la victime est touchée par ces quelques mots, on ne le voit pas. Immobile, le regard toujours lointain, le gamin voit ensuite les deux autres, Mehdi Mennad et Boum Oumar Thiam, que les autres avaient initialement cités, nier toute participation à cette équipée folle du dimanche après-midi.
Malgré des témoins qui disent que le tireur du vendredi et celui du dimanche étaient le même.
Mais de témoins, ici, il n'en est pas beaucoup. « La plupart ont eu peur des représailles », dit Jacques Dorémieux, l'avocat général, l'air de ne même pas leur en vouloir.
À ce propos, la présidente demande à Kébé et Desmettre s'ils craignent également des représailles, s'ils n'auraient pas peur des deux autres, des fois... « Ah non, pas du tout, pourquoi ? » Comme ça... Juste parce qu'on cherche une explication cohérente à tant d'invraisemblances, tant de fuites mal assumées, de regards baissés. Une explication qui soit à la hauteur de la dignité de la victime et de sa famille. En fin d'audience, la présidente les invite à venir s'exprimer, et forcément, la salle d'audience s'emplit d'une autre atmosphère. Mais ce gosse désormais handicapé, son frère, sa soeur, n'ont pas un mot déplacé. pas de haine, pas de rancoeur. « Nous sommes là pour comprendre », dit la jeune femme, qui détaille pourtant un quotidien lourd, très lourd, depuis ce foutu dimanche...
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/10/06/article_toujours-pas-d-explication-au-drame-de-l.shtml

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