Le 3 septembre, Audrey a-t-elle été victime d'un déni de grossesse ou a-t-elle commis un infanticide ? Les Gersois et les codétenues qui la soutiennent ont tranché en sa faveur.
Depuis un mois, les jours s'écoulent tristement à la maison d'arrêt d'Agen pour Audrey. La Saramonaise de 32 ans, mise en examen pour homicide volontaire sur son nouveau-né, se languit en particulier de ses trois filles qu'elle aimerait bien serrer dans ses bras.
Pour elle, tout a basculé le 3 septembre, lorsqu'elle a donné naissance à une quatrième fille sur son lieu de travail, à Lombez. Une semaine plus tard, elle était placée en détention provisoire. Depuis, ses déclarations n'ont pas varié. Une collègue l'a ramenée chez elle à Saramon (1). Elle a laissé le nouveau-né seul pendant 30 à 45 minutes, le temps de laver le sang qu'elle avait sur elle et de se restaurer. Puis, elle a trouvé sa petite dernière morte. Elle l'a enveloppée dans une couverture et a jeté le corps dans une poubelle. Attitude caractéristique du déni de grossesse d'après le docteur Navarro, le président de l'Association nationale pour la reconnaissance du déni de grossesse, que nous avions interviewé dans notre édition du 15 septembre. Cette première explication rationnelle à un geste totalement incompréhensible a entraîné un mouvement de sympathie encore jamais vu à la maison d'arrêt d'Agen. « Audrey reçoit plus de dix lettres de soutien par jour, dont beaucoup viennent du secteur de Lombez-Saramon, assure Me Thersiquel. Ma cliente s'excuse de ne pas pouvoir répondre à tout le monde et m'a demandé d'adresser ses remerciements à tous ceux qui la soutiennent, par l'intermédiaire du journal. Elle est aussi très soutenue par ses codétenues et souligne que le personnel pénitentiaire est très prévenant à son égard. Ce n'est pas une délinquante habituelle. Elle est très calme. En prison, elle voit régulièrement un psychiatre, une psychologue et une infirmière ; ça lui fait du bien de parler dans le secret médical. Elle n'est pas dangereuse pour la société. Je vais discuter avec elle d'une demande de remise en liberté sous contrôle judiciaire, lors de ma prochaine visite. » Mais alors, il faudra convaincre la juge d'instruction qui attend toujours les conclusions des experts psychiatres pour se faire une idée sur l'existence ou non d'un déni de grossesse dans cette affaire. Or, la juge d'instruction a déjà entendu Audrey pendant quatre heures, la semaine dernière, en présence de son avocat. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'est étonnée de la version de la jeune femme, lui rappelant que les gendarmes n'avaient rien trouvé à la décharge, ni aux alentours des containers, près du lac de Saramon.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/10/07/1186115-audrey-recoit-10-lettres-de-soutien-par-jour-en-prison.html
(1) Personne n'avait remarqué qu'Audrey était enceinte. Elle n'avait pas pris plus de 2 kg.
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