lundi 16 novembre 2015

Hugo, 23 ans, abattu au Bataclan

Bien dans sa peau, bien dans sa vie, comme le disent ses proches, Hugo Sarrade avait 23 ans.
«Il avait à peine deux ans quand j'ai écrit ma thèse : il était sur mes genoux. Je lui ai donné le virus de l'informatique. Depuis, il m'avait dépassé. C'est dans la logique des choses qu'un fils dépasse le père. Pas qu'un père enterre son fils», souffle son papa, Stéphane Sarrade, 50 ans, directeur de recherche au CEA (commissariat à l'énergie atomique) à Saclay, en région parisienne, joint par Midi Libre. «Hugo avait une autre passion, le rock, malheureusement, puisque ça l'a amené au Bataclan. Il parcourait les festivals en France et en Europe. Hugo jouait lui-même de la guitare.»

«Il avait trouvé sa voie»

Abattu au Bataclan, Hugo fait partie des 132 victimes des attentats de Paris. Le jeune homme était étudiant en master en intelligence artificielle à la faculté des sciences de Montpellier. Ses parents sont divorcés. Sa mère, assistante maternelle, vit à Montpellier. Ses grands-parents maternels vivent à Grabels dans l'Hérault également.
Vendredi, Hugo a pris le train pour passer le week-end chez son père et entamé son week-end par le concert des Eagles of death metal. «Il n'était pas prévu que je le rejoigne ce soir-là car il se faisait un plaisir de revoir son père et son jeune demi-frère qu'il adorait. Mais on devait se voir samedi»… Son ami d'enfance Victor avec qui il fut un temps en colocation et qui habite à 200 mètres du Bataclan s'effondre en pleurs. Avant de reprendre : «Avec Hugo, on est des amis d'enfance. Il est arrivé à six ans à Montpellier avec ses parents d'Orange, où son père faisait sa thèse. Les Sarrade se sont installés à Montpellier en 1988. Ado, c'est collège et lycée Joffre. On n'est pas natifs de Montpellier mais on se sent Montpelliérains, raconte Victor qui décrit avec émotion son ami : «C'est un gars adorable, sans embrouille, à l'écoute des gens, très calme. Il y a 15 jours, on était revenus d'une semaine à Tokyo ensemble, au Japon, un pays qu'il aimait pour ses habitants, polis, attentionnés et cordiaux. Comme lui. Hugo avait une copine, Lise, avec laquelle il avait une vraie relation».
Stéphane Sarrade reprend : «Hugo avait beaucoup d'humour et de tendresse. C'était un garçon sans histoires, extrêmement ouvert sur les autres et les autres cultures ; il aimait les discussions, les débats. Il avait trouvé sa voie. Un équilibre. Lui et moi nous étions très proches».
Père et fils avaient parfois abordé la question du jihadisme, du terrorisme. «Il était persuadé que l'obscurantisme est notre pire ennemi. Au-delà du fait que cela maintient les gens dans la pauvreté, ça vous amène à la barbarie.»
«Les attentats de janvier à CharlieHebdo et à l'Hyper cacher l'avaient beaucoup affecté, se souvient le père d'Hugo. Il avait participé à la marche à Montpellier. À cette occasion, il avait compris que Charlie était jadis le creuset de réflexion de la jeunesse comme le sont les réseaux sociaux aujourd'hui. Comment aurait-il réagi à ces attentats ? Il aurait eu beaucoup de tristesse et de compassion. Il m'aurait dit : «Comment peut-on en arriver là ?» Et s'agissant des terroristes français qui y ont participé «Comment la France a-t-elle pu engendrer cela ?»
http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/16/2218145-hugo-23-ans-abattu-au-bataclan.html

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