vendredi 26 juin 2015

Villetaneuse pleure Jacqueline, suicidée à 13 ans

Intense émotion ce jeudi soir à Villetaneuse. La famille, les amis et les voisins de Jacqueline s’étaient donné rendez-vous pour rendre hommage à la jeune fille de 13 ans, décédée dans des conditions dramatiques la semaine dernière. Dans la nuit du 18 au 19 juin, cette élève de 5e au collège Lucie-Aubrac s’est donné la mort en se jetant du 11e étage d’une tour de la rue Maurice-Grandcoing.
Elle sera inhumée ce vendredi à Villetaneuse.
Rassemblés peu avant 18 heures devant le collège, vêtus de T-shirts blanc à l’effigie de Jacqueline, ses camarades de classe ont ouvert la marche. Juste devant eux, Carine, sa maman, tient à bout de bras le portrait de sa fille. Derrière, le grand cortège rassemblant environ 400 personnes commence à défiler dignement dans les rues de Villetaneuse. Ils marchent, dans le silence et sous un soleil de plomb, derrière des banderoles dénonçant le harcèlement.
« Elle était harcelée » disent ses amies
Pour sa mère, ses camarades et beaucoup d’habitants, il ne fait aucun doute que Jacqueline s’est jeté dans le vide après des brimades et insultes qu’elle a subies au collège. « Elle vivait mal les insultes sur son physique », confie une camarade de classe. « Elle était harcelée », assure une autre de ses amies. Sur son T-shirt, en dessous de la photo de Jacqueline, est écrit « Plus jamais ça. Stop au harcèlement ! » Une voisine, encore sous le choc, tenait à être présente. « Ce drame m’a touchée. En arriver là, dans des conditions aussi atroces, alors qu’on a toute la vie devant soi… Ce qui me bouleverse, c’est que personne n’a rien fait. Elle aurait déjà fait une tentative de suicide, et le collège ne l’a pas dit à ses parents. Ce n’est pas normal. »
A ses côtés, une amie approuve : « je suis enseignante en primaire, et on fait beaucoup d’efforts pour être vigilant sur le harcèlement. A cet âge, dans des quartiers sensibles, certains enfants peuvent être très méchants, voire violents. On se bat pour enseigner le respect, le droit à la différence, et, arrivé au collège, on a l’impression que plus rien n’est fait. »
« Je vis avec une douleur interminable »
L’enquête judiciaire actuellement en cours n’a pas encore déterminé si la jeune fille était effectivement harcelée. La direction académique, qui assure qu’aucun signalement de harcèlement n’a été effectué, confirme juste avoir suivi Jacqueline après des incidents dont elle a été victime. « Je vis avec une douleur interminable », souffle sa maman, restée très digne et touchée par les nombreuses marques d’affection depuis le drame. « Je ne souhaite cela à personne, pas même à mon pire ennemi. Et tout cela parce qu’elle était harcelée à l’école… » Elle avoue n’avoir que très peu d’informations sur les brimades dont aurait été victime sa fille. « On attend des réponses. Et il n’y a pas de réponse », se désole-t-elle.
La marche blanche a poursuivi lentement son chemin, jusqu’au domicile de l’adolescente. Dans la rue, de nombreux habitants sortent de chez eux et observent le cortège, le visage grave. Arrivés sur la petite placette au pied de la tour, les proches de Jacqueline se rassemblent. « J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps », sanglote une petite fille. Certains regards s’élèvent jusqu’à ce maudit 11e étage. Au sol, sur un maigre carré d’herbe, ne demeurent que quelques bouquets de fleurs, fanés.

http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93

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