lundi 23 juin 2014

Le capitaine Fournier, au coeur du drame des pompiers

Le capitaine Cyril Fournier comptait parmi les victimes de l'accident de car de l'amicale des pompiers gravelinois, survenu à Loon-Plage le lundi 9 juin.

Il revient sur la sortie de route et sur son rôle au coeur de l'accident.
C'était lundi 9 juin, en soirée. Les montres indiquaient 21h passées quand le second bus de l'amicale des sapeurs-pompiers de Gravelines a terminé sa course dans le fossé. « Je venais d'accompagner mon petit garçon aux toilettes du car, raconte le capitaine Cyril Fournier. On regagnait nos places au milieu, à proximité de la porte latérale, quand j'ai senti un grand coup de volant. Inquiet de la manoeuvre à pleine vitesse, j'ai levé les yeux et j'ai vu le rond-point. J'ai tout de suite compris que l'accident était inévitable.
 »
« Une machine à laver »
Depuis la terrible sortie de route, le chef de centre doit se démultiplier. Un coeur dans l'émotion et les deux pieds dans l'organisation. « J'avais normalement droit à une semaine d'arrêt, mais je suis là quand même : il faut gérer la phase accidentelle, les funérailles*... » Déjà le soir du drame, le secouriste professionnel gérait le drame de l'intérieur. « J'avais eu le temps d'attacher mon fils et de placer la main sur lui avant le choc, mais j'ai manqué de temps pour mettre ma propre ceinture, rapporte le chef des pompiers gravelinois. Mon visage a ensuite heurté le siège devant et après, ça a été la machine à laver. » Au coeur de l'accident, le capitaine a eu l'impression d'« au moins un tonneau » du véhicule de transport, même s'il reconnaît que la désorientation sur le coup a pu l'induire en erreur. La position finale de l'épave (couchée sur le côté droit) et les témoignages autour de lui semblent aussi écarter l'hypothèse d'une ou plusieurs rotations du bus.
Après une courte perte de connaissance, Cyril Fournier se reveille au milieu des débris de verres, des sièges arrachés et des blessés. Lui-même reprend conscience dans un assez piteux état. « Au final, je suis sorti de l'hôpital avec un trauma crânien, les lombaires et la cloison nasale touchées.
Aujourd'hui, des bleus sortent d'un peu partout... Sur place, les médecins suspectaient même une hémorragie rénale. » Dans le feu de l'action, l'homme ignore évidemment ce diagnostic, peu rassurant a posteriori. Ses enfants s'en tirent eux aussi avec quelques blessures (fracture de la clavicule pour le fils, blessure à la mâchoire pour la fille). Dans un premier temps, le pompier refuse le costume de victime, prend ses responsabilités et tente de gérer le tragique événement. « J'avais mal, mais ça allait et le côté professionnel a pris le dessus », indique-t-il. Le capitaine des pompiers s'inquiète pour ses enfants en premier lieu. Après la prise en charge de ces derniers par un collègue, il cherche un téléphone et appelle les secours. « Une personne avait déjà appelé, mais j'ai voulu insister auprès du Codis, explique-t-il. Oui, il s'agissait de pompiers, mais surtout d'un car de 50 personnes renversé avec de nombreuses victimes. »
« Je ne tenais
plus debout »
Dans l'attente des premiers secours, Cyril Fournier effectue un tour des blessés. L'information du décès probable d'une passagère, coincée sous le bus, lui arrive. La suite de cette horrible nuit, Cyril la passera à l'hôpital. « Avec l'arrivée des premiers collègues et la retombée d'adrénaline, les douleurs ont commencé à être insupportables. Je ne tenais plus debout. » Allongé puis transporté au CHD, Cyril Fournier en sortira à 2h du matin. «  J'ai tout de suite rejoint ma femme à la maison pour la rassurer. Juste avant l'accident, je lui avais envoyé un texto sur l'autoroute pour la prévenir de notre retour. Elle était restée à la maison en raison de sa grossesse de 8 mois et demi. » La famille, celle du capitaine ou celle plus large des pompiers, s'avérera un précieux refuge pour surmonter ce drame.

http://www.lepharedunkerquois.fr/actualite/a_la_une/LePhareDunkerquois/index.shtml

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