Avant de plonger dans les mystères de cette affaire, voici les faits, sordides mais objectifs, que la présidente du tribunal correctionnel Jennifer Picoury a rappelés, lundi entre 21 et 23 heures, à l'occasion d'une audience nocturne rendue bouleversante par la présence des familles des victimes.
Dans la nuit du 23 au 24 mars 2012, gendarmes et pompiers sont appelés à 0 h 13 suite à une dramatique sortie de route à Revin, sur la RD 1. Après avoir pris l'apéritif à Laifour, le prévenu, Sébastien C., mécanicien alors âgé de 26 ans, prend la route avec Florian S. (20 ans) et Jordan O., un garçon de 14 ans.
Une vitesse estimée à 179 km/h
La voiture, une 206 noire montée comme un bolide (16 soupapes), roule à tombeau ouvert. Les conclusions des experts et des enquêteurs interpellent : à une vitesse estimée à 179 km/h au lieu de 90, la voiture mort l'accotement et part en tonneaux.
Entre le premier et le onzième impact recensés, la voiture se désagrège sur une distance de 161 mètres, avant d'achever sa course dans un jardin en bord de Meuse. Les trois passagers sont éjectés. Parmi eux Jordan, qui n'était pas attaché (il n'y avait pas de ceinture à l'arrière), et dont le choc du crâne sur la route a provoqué le décès. Le propriétaire du véhicule, polytraumatisé, obtient 60 jours d'ITT. L'autre passager est lui aussi grièvement blessé.
Devant le tribunal, Sébastien C., voix grave et cicatrices apparentes, est poursuivi pour homicide involontaire et blessures involontaires commis avec au moins deux circonstances aggravantes : outre la vitesse, le taux d'alcool (1,54 gramme d'alcool par litre de sang). À ce titre, celui qui reconnaît aimer la vitesse et les rallyes, risque jusqu'à dix ans d'emprisonnement.
Qui conduisait vraiment ?
Mais au-delà des faits, il y a les zones d'ombre, que le tribunal cherche à éclaircir - raison pour laquelle il a demandé un délibéré, pour ne pas juger trop vite, et vers minuit, une affaire aussi délicate. D'abord, qui conduisait la voiture ? Florian S. avance que ce n'était pas lui. Le prévenu, présenté comme le conducteur, ne se souvient de rien. Son amnésie, conséquence de l'accident, est reconnue par les médecins et experts. Il avance qu'il n'était peut-être pas au volant ce soir-là. Son avocat, Richard Delgenès, indique d'emblée que si un doute persiste sur l'identité du conducteur, il doit bénéficier à son client.
Seconde énigme : comment le petit Jordan est-il monté dans la voiture ? Dans un témoignage qui a fait pleurer la moitié de l'assistance, la maman et la sœur de Jordan ont rappelé qu'il avait disparu d'un coup. « Personne ne l'a vu monter dans la voiture. »
La juge Picoury a cité des témoins qui avaient entendu le prévenu et Florian S. envisager d'aller essayer la voiture. Ils auraient alors embarqué Jordan dans leur expédition, qui allait se révéler fatale pour l'adolescent.
http://www.lunion.presse.fr/accueil/sebastien-est-il-responsable-de-la-mort-de-jordan-14-ans-jna0b0n199631
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