Conrairement à ce qui avait été affirmé dans un premier temps, le légionnaire soupçonné d’avoir tué son épouse et sa fille Allison ne s’est pas suicidé à l’abri des regards, dans les sanitaires de la caserne, mais s'est jeté à travers une fenêtre après avoir passé une corde autour de son cou.
"La scène était hyper impressionnante. Ce type en uniforme, avec ses rangers, ses décorations et son foulard autour de la tête, accroché au bout d’une corde, sur le mur de la caserne..." Plus d’un mois après le suicide Francisco Benitez, dit "Paco", les témoins qui se sont rendus ce matin-là sur place peinent à effacer cette image de leur esprit. Car contrairement à ce qu’avait indiqué en conférence de presse le parquet de Perpignan le 5 août dernier, le légionnaire soupçonné d’avoir tué son épouse et sa fille Allison ne s’est pas suicidé à l’abri des regards, dans les sanitaires de la caserne. Selon plusieurs sources policières, il a même fait tout le contraire.
Une scène hyper impressionnante
Un policier allé sur place "Il a accroché une corde avec un mousqueton à la rambarde d’une fenêtre du premier étage, donnant sur la cour intérieure de la caserne, il a recouvert sa tête d’un foulard sombre, qui lui masquait le visage, du front au menton", indique l’une de ces sources. "Et puis il s’est jeté dans le vide, à travers la fenêtre."
Pourquoi cette mise en scène macabre et théâtrale, qui rappelle une scène du film Hannibal, où un personnage est ainsi mis à mort, au fronton d’un palais florentin ? Pourquoi cet homme a-t-il absolument tenu à mettre fin à ses jours au cœur de cette institution militaire à laquelle il appartenait depuis 27 ans ?
"Je vous demande svp de ne pas me juger"
Avant de se suicider, l’adjudant-chef Benitez a écrit quelques phrases dans un mail adressé non pas aux membres de sa famille, mais au colonel de la Légion étrangère et à ses camarades de combat. "Je vous demande svp de ne pas me juger, mais je suis vraiment au bout de mes forces. Souvenez-vous tout simplement du Benitez que vous connaissez."
C’est aussi aux militaires qu’il semble avoir voulu adresser cet ultime message, en offrant à leurs regards sa dépouille suppliciée. Car cette façon de mourir n’est pas sans évoquer une exécution publique, avec le visage du condamné caché à la foule. Comme il l’était, par une cagoule, sous l’Espagne franquiste, où l’on exécutait jusqu’en 1974 à l’aide d’un garrot.
A-t-il voulu montrer aux légionnaires que justice était rendue, et qu’il avait expié des fautes que certains, peut-être, connaissaient ? Les policiers se perdent en conjectures, face à la difficulté de cette enquête criminelle hors norme, avec un suspect principal disparu et deux victimes introuvables.
"C’est vrai qu’on ne peut pas exclure qu’un complice l’ait aidé à faire disparaître les corps", reconnaît un enquêteur, "même si aucun élément ne l’indique aujourd’hui". Les légionnaires entendus sur la personnalité de Francisco Benitez, en tout cas, semblent avoir été peu loquaces face aux policiers.
Certains voient dans son geste le signe ultime d’une personnalité dépassée par ses actes : "Pour moi, c’est qu’il n’assume pas ce qu’il a fait. Il se cache le visage pour dire : ne me regardez pas, je suis un monstre", estime un autre policier.
Au fil des jours, le portrait du père de famille ne fait que s’assombrir. "Un super-manipulateur, pathologique de la double vie", dit l’un. "Un homme obsédé par les femmes, qui multipliait les aventures", indique un autre. Quoi qu’il en soit, l’adjudant-chef Benitez a choisi pour mourir un mode opératoire hors du commun. Avec une charge symbolique forte, sur laquelle on n’a pas fini de s’interroger.
http://www.midilibre.fr/2013/09/12/l-ultime-mise-en-scene-macabre-de-paco-benitez,756345.php
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