Narbonne : Priscilla ou le tragique destin d’une ado congolaise

Souffrant d’un cancer, la jeune fille a attendu plusieurs mois son évacuation vers la France pour être soignée. En vain.
 
À son arrivée, dimanche, à Narbonne, Priscilla accuse la fatigue. Celle de près de quinze heures de voyage entre la République du Congo et la sous-préfecture audoise. Mais la jeune fille, tout juste âgée de 18 ans, souffre également de la maladie de Hodgkin, un cancer du système lymphatique.
Prise en charge à sa descente de TGV par les sapeurs-pompiers narbonnais, Priscilla a été admise au centre hospitalier. "Elle était très fatiguée à ce moment-là, explique Roger Grangeaud, de la Cimade. Mais le personnel soignant a fait un très bon travail. Sa mère a d’ailleurs pu parler longuement avec elle."

Hélas, lundi à 3 h du matin, Priscilla a définitivement abdiqué face au cancer. Un destin tragique qui révolte ceux qui se sont mobilisés depuis le mois d’avril pour tenter de faire soigner la jeune Congolaise à Béziers.
"Regroupement familial"
En avril dernier, Gladys, sa maman, contacte Médecins d’Afrique pour faire évacuer Priscilla vers Béziers afin qu’elle y soit traitée. Gladys vit et travaille à Narbonne. En République du Congo, les médecins qui suivent sa fille ont le plus grand mal à obtenir les autorisations nécessaires auprès des services de l’ambassade de France à Brazzaville.
Gladys décide alors de se tourner vers la Cimade à Narbonne. L’association vient inlassablement en aide aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile. Roger Grangeaud, l’un des bénévoles de l’antenne narbonnaise, va prendre à bras-le-corps le dossier de Priscilla, aidé par les autres membres audois de la Cimade. "Lorsque Gladys est venue nous trouver, fin avril, Priscilla était encore mineure. Nous avons donc décidé de demander un regroupement familial", souligne Roger Grangeaud.
Dans le même temps, la Cimade entre en contact avec Médecins d’Afrique à Brazzaville. "Ils nous ont expliqué qu’elle ne pouvait pas être soignée sur place et qu’elle devait rejoindre la France dans un délai d’un mois pour avoir les meilleures chances de guérison."
Le dossier traîne
À l’ambassade de France à Brazzaville, le cas de Priscilla ne semble pas prioritaire et son dossier traîne. En désespoir de cause, la Cimade fait appel à Marie-Hélène Fabre, députée de la Narbonnaise, et au sénateur Roland Courteau.
Les deux parlementaires vont intervenir auprès du cabinet de Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. Et finalement obtenir le précieux visa pour Priscilla. Accompagnée par des membres de Médecins d’Afrique, elle a embarqué, ce week-end, à bord d’un vol Air France qui a pris en charge son voyage. Trop tard. Cancer et lenteurs administratives ont eu raison de Priscilla.

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