Le 24 avril 2012, dans une HLM de Pasteur, un père de famille se suicidait, tentant d'entraîner toute sa famille dans la mort. Un an après, les rescapés de l'incendie ne sont toujours pas relogés.
Elle caresse la joue de son bébé. Sa main mutilée contre la peau douce de son petit dernier. Elle se rappelle l'acide, l'allumette, son mari qui se consume sous ses yeux, ses enfants piégés dans les flammes, la fumée partout et le bébé dans son ventre. Puis, plus rien. C'était le 24 avril 2012. Ce jour-là, son mari s'est immolé par le feu dans leur appartement de Pasteur (Nice-Est). "Il voulait partir et emporter toute la famille." Il est mort quarante jours plus tard. Sabrina Megraoui, alors enceinte de quatre mois, a été transférée aux services des grands brûlés à Marseille. Le coma, l'oubli, et la vie comme un miracle. Ce jour-là, elle voudrait l'oublier. Elle voudrait "se reconstruire, avancer, pour les enfants surtout".
SDF !
Mais voilà, un an après ce drame qui a réduit en cendres le bonheur des années passées, Sabrina se débat pour retrouver un toit. Entièrement détruit par l'incendie, son appartement - un logement HLM de Côte d'Azur Habitat (CAH) - est inhabitable, clos sur des jouets calcinés et les souvenirs dévastés… Un an après le drame, les travaux n'ont pas commencé, Sabrina continue à payer le loyer d'un quatre-pièces duquel elle n'a plus la clef, et Côte d'Azur Habitat ne lui a fait aucune proposition de relogement. Un an après avoir échappé à la mort, Sabrina et ses quatre enfants sont SDF.
« Mes enfants dorment par terre »
Alors, Sabrina s'est réfugiée chez ses parents. Ils vivent comme ils peuvent, entassés à dix dans un quatre-pièces, deux étages au-dessus de l'appartement où s'est noué le drame. "Ça devient compliqué. Par manque de place, les petits dorment par terre, explique Sabrina. La nuit dernière, ma mère, âgée, a trébuché sur l'un d'eux, elle s'est cassé la jambe." Et puis, il y a tous ses souvenirs qui la hantent : dans l'immeuble, chaque carreau, chaque couloir, chaque détail, rappelle à Sabrina l'horreur du 24 avril 2012.
"J'ai besoin de quitter le quartier, de quitter cet immeuble, de partir, de laisser tout ça derrière. Il faut que je m'en sorte, martèle cette mère courage, en berçant son bébé. J'ai écrit des dizaines de lettres à Côte d'Azur Habitat, téléphoné, plaidé ma cause, mais personne ne m'entend… C'est comme si je n'existais pas, comme si mes enfants ne comptaient pas, comme si tout le monde oubliait que nous sommes juste les victimes d'une épreuve terrible qui a brisé notre vie."
http://www.nicematin.com/nice/leur-pere-simmole-par-le-feu-dans-une-hlm-de-pasteur-les-enfants-a-la-rue-un-an-apres.1280603.html
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