vendredi 5 avril 2013

Collision d'Allinges : le chauffeur du car aurait préféré "partir avec eux"

Ce sont les mots qu'a lâchés, en larmes, vendredi le chauffeur du car qui avait percuté un TER en 2008, tuant sept collégiens à Allinges, en Haute-Savoie, au troisième jour du procès en correctionnelle.
C'est un homme dévasté qui s'est présenté à la barre du tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains ce vendredi. "J'aurais préféré partir avec eux que d'être là aujourd'hui. Parce que ça c'est terrible", a dit Jean-Jacques Prost, la voix tremblante. "On roule des années, on fait toujours attention et là d'un seul coup en dix secondes, c'est parti. Chauffeur de car pendant 18 ans, Jean-Jacques Prost, 54 ans, moustache et cheveux  grisonnants, n'avait jamais perdu un seul point sur son permis de conduire  avant l'accident du 2 juin 2008. Ce jour là, un TER assurant la liaison entre Evian-les-Bains et Genève avait percuté un car scolaire en Haute-Savoie, tuant sept collégiens âgés de 11 à 13 ans et faisant 25 blessés. Le chauffeur, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF) sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires.
Regard dans le vide, débit haché, Jean-Jacques Prost a répondu une heure durant aux questions du président, en cherchant souvent ses mots. "C'est des enfants que j'ai aimé. C'étaient les miens quelque part dans le car", a-t-il raconté. Parmi les sept collégiens de 11 à 13 ans qui sont morts lors de l'accident, certains lui parlaient souvent, a-t-il rappelé. "Ils avaient l'habitude de vous donner des petites choses", lui a rappelé le président du tribunal, parlant de "doudous" et de "pendentifs". "Oui, ils étaient très reconnaissants, respectueux", a acquiescé M. Prost. "Aujourd'hui, j'ai qu'une envie, c'est de partir avec mes gamins", a-t-il lâché d'une voix étranglée.

En étouffant des sanglots, il a présenté ses excuses aux familles : "Je tiens à leur dire que je partage avec eux ces moments de douleur, depuis le début." Il a dit avoir tenu pendant cinq ans "pour que la vérité soit dite" et pour que les enfants puissent "reposer en paix". Ne contenant plus ses larmes, il a évoqué sa vie qui "s'est dégradée petit à petit" et les "regards des gens qui (le) croisent dans la rue et qui vous disent plus bonjour". Secoué par l'émotion, il a terminé son audition en pleurs, penché sur la barre du tribunal, la tête entre les mains. A la suspension de l'audience, beaucoup de familles des victimes essuyaient leurs larmes en quittant la salle.
 

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