C'est un homme
dévasté qui s'est présenté à la barre du tribunal correctionnel de
Thonon-les-Bains ce vendredi. "J'aurais préféré partir avec eux que d'être là
aujourd'hui. Parce que ça c'est terrible", a dit Jean-Jacques Prost, la voix
tremblante. "On roule des années, on fait toujours attention et là d'un seul
coup en dix secondes, c'est parti. Chauffeur de car pendant 18 ans, Jean-Jacques
Prost, 54 ans, moustache et cheveux grisonnants, n'avait jamais perdu un seul
point sur son permis de conduire avant l'accident du 2 juin 2008. Ce jour là,
un TER assurant la liaison entre Evian-les-Bains et Genève avait percuté un car
scolaire en Haute-Savoie, tuant sept collégiens âgés de 11 à 13 ans et faisant
25 blessés. Le chauffeur, la SNCF et
Réseau ferré de France (RFF) sont poursuivis pour homicides et blessures
involontaires.
Regard dans le vide, débit haché, Jean-Jacques Prost a répondu
une heure durant aux questions du président, en cherchant souvent ses mots.
"C'est des enfants que j'ai aimé. C'étaient les miens quelque part dans le car",
a-t-il raconté. Parmi les sept collégiens de 11 à 13 ans qui sont morts lors de
l'accident, certains lui parlaient souvent, a-t-il rappelé. "Ils avaient
l'habitude de vous donner des petites choses", lui a rappelé le président du
tribunal, parlant de "doudous" et de "pendentifs". "Oui, ils étaient très
reconnaissants, respectueux", a acquiescé M. Prost. "Aujourd'hui, j'ai qu'une
envie, c'est de partir avec mes gamins", a-t-il lâché d'une voix
étranglée.
En étouffant des sanglots, il a présenté ses excuses aux familles : "Je tiens à leur dire que je partage avec eux ces moments de douleur, depuis le début." Il a dit avoir tenu pendant cinq ans "pour que la vérité soit dite" et pour que les enfants puissent "reposer en paix". Ne contenant plus ses larmes, il a évoqué sa vie qui "s'est dégradée petit à petit" et les "regards des gens qui (le) croisent dans la rue et qui vous disent plus bonjour". Secoué par l'émotion, il a terminé son audition en pleurs, penché sur la barre du tribunal, la tête entre les mains. A la suspension de l'audience, beaucoup de familles des victimes essuyaient leurs larmes en quittant la salle.
En étouffant des sanglots, il a présenté ses excuses aux familles : "Je tiens à leur dire que je partage avec eux ces moments de douleur, depuis le début." Il a dit avoir tenu pendant cinq ans "pour que la vérité soit dite" et pour que les enfants puissent "reposer en paix". Ne contenant plus ses larmes, il a évoqué sa vie qui "s'est dégradée petit à petit" et les "regards des gens qui (le) croisent dans la rue et qui vous disent plus bonjour". Secoué par l'émotion, il a terminé son audition en pleurs, penché sur la barre du tribunal, la tête entre les mains. A la suspension de l'audience, beaucoup de familles des victimes essuyaient leurs larmes en quittant la salle.
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