mercredi 13 mars 2013

Jeune motard tué dans les Landes : « On n’oublie pas, on avance »

Dire le droit, chercher les responsabilités au-delà de l’émotion : la tâche s’avère tellement difficile lorsque dans une salle d’audience, les grands-parents, les frères, la compagne et tous les copains pleurent encore, Thomas Burgard, un jeune homme brutalement disparu à l’âge de 23 ans, dans une collision mortelle. C’était à Bénesse-Maremne, le 21 août dernier. Le bâtonnier Philippe Lalanne a rappelé avec beaucoup de délicatesse qui était ce jeune homme, charpentier comme son grand-père, rugbyman accompli, issu d’une famille « à l’ancienne », une des plus vieilles d’Ondres. « Plus d’un millier de personnes ont assisté à ses obsèques. Jamais on n’avait vu cela dans la commune… »
À la barre, se tient un citoyen britannique, John Evans, professeur londonien, père de famille, sans histoires. Il est poursuivi pour homicide involontaire. Ce soir-là, Thomas et John se trouvaient dans la même voie de circulation qui sert normalement au dépassement, quand la moto de Thomas a très violemment percuté la voiture du prévenu à l’arrière. Le corps du jeune Ondrais a été projeté à une soixantaine de mètres.

Deux versions
Pour le bâtonnier Lalanne, il n’y a pas de doute : le conducteur anglais a multiplié les fautes. Il se trouvait sur cette voie pour tourner à gauche alors qu’un panneau en amont l’interdisait, parce que la rue qu’il voulait emprunter était en sens interdit, comme la signalisation au sol l’indiquait aussi. Selon lui, l’automobiliste était arrêté alors qu’il se trouvait sur une voie rapide. « La vitesse de Thomas n’est absolument pas en cause. » On l’aura compris, la vitesse sera en effet l’argument essentiel développé par la défense, pour plaider la relaxe et dire que le jeune motard a été le seul à l’origine de son propre décès. L’avocate du prévenu et celui de sa compagnie d’assurance ont donné leur lecture du dossier. Ce soir-là, John Evans n’était pas arrêté mais s’apprêtait à tourner à gauche, comme l’y enjoignait son GPS, qui n’avait pas été mis à jour. Selon eux, si le jeune motard n’avait pas roulé à une vitesse égale ou supérieure à 120 km/heure il aurait pu éviter cette collision.
Rendant hommage à la dignité de la famille de la victime, Frédérique Porterie, procureur, rejetait ce lieu commun qui voudrait qu’un procès soit une sorte de pierre d’achoppement pour débuter un deuil. « On n’oublie pas, on avance avec… » N’éludant aucun point et s’appuyant sur la jurisprudence, elle considérait toutefois que la responsabilité de l’accident incombait au prévenu. Elle requérait du sursis et une suspension du permis de conduire pendant deux ans. Le tribunal a condamné le conducteur britannique à douze mois avec sursis et ramené la suspension du permis à 18 mois.

http://www.sudouest.fr/2013/03/13/on-n-oublie-pas-on-avance-992513-3301.php

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