dimanche 24 février 2013

Double meurtre dans le Sud-Manche. Le récit du drame

L’auteur présumé des coups de feu était, hier, toujours en garde à vue. L’agriculteur de 61 ans, considéré comme un marginal, n’aurait pas supporté la coupe d’un arbre par le locataire de ses anciennes terres.
« Ça va pas être long », a maugréé l’agriculteur pour seule explication. L’homme âgé de 61 ans, soupçonné du double homicide, jeudi, à Perriers-en-Beauficel (Manche), n’aurait laissé aucune chance à ses victimes. Il aurait abattu les deux hommes avec un fusil de chasse, peu après 10 h, alors qu’ils venaient de tronçonner un vieux chêne mort. « Il s’est pointé avec le fusil en joue. Il était déterminé », raconte Émile Delarue, le premier adjoint de la commune. L’élu a assisté à toute la scène, bien malgré lui.
L’auteur présumé des coups de feu n’aurait pas supporté la coupe de cet arbre situé sur des terres qui lui appartenaient autrefois. Le locataire de ces champs, Loïc Toulier, ainsi qu’un ami d’enfance, Ludovic Macé, y ont perdu la vie. Tous deux étaient âgés de 35 ans. Agriculteur originaire de Perriers, Loïc Toulier était marié et père de trois enfants en bas âge. Son « copain d’école » résidait dans une commune voisine.
Liquidation judiciaire
« Il ne voulait pas que Loïc Toulier travaille dans ce champ », explique le premier adjoint. L’agriculteur n’aurait jamais digéré la liquidation judiciaire de son exploitation. « Ça a commencé en 2008, tout a été vendu », détaille le maire de la commune, Geneviève Diart. Ses 180 bêtes ont d’abord été cédées, puis les terres et la maison. Le matériel agricole, enfin. Le septuagénaire s’est retrouvé sur la paille, « logé à titre gracieux » par le nouveau propriétaire installé en région parisienne.
« Parce qu’on n’achète pas les terres de son voisin », celles-ci ont été louées. Sauf que Loïc Toulier n’a jamais pu les cultiver en toute sérénité. Les élus de la commune ont dû s’armer de patience et faire preuve de diplomatie. « Ce n’est pas la première fois que le locataire venait me trouver. C’était périodique », assure le maire. Jeudi matin, accaparée par ses fonctions, Geneviève Diart n’a pu se déplacer sur les lieux du drame.
Pas eu le temps d'argumenter
C’est son premier adjoint qui a reçu l’appel de Loïc Toulier. Le jeune locataire venait à nouveau d’être menacé par l’ancien propriétaire. Arrivé sur place, Émile Delarue n’a, cette fois, pas eu le temps d’argumenter. L’agriculteur a ouvert le feu. « S’il avait voulu, il aurait aussi pu me tirer dessus », souffle l’élu. Le meurtrier présumé s’est ensuite réfugié chez lui avant que n’intervienne le GIGN peu après 17 h.
L’agriculteur a été interpellé « sans difficulté, sans la moindre violence », a précisé Jean-Michel Rotaru, le substitut du procureur de Coutances. « Il était dans le déni et vivait comme un marginal. Il avait toujours dans le crâne l’idée qu’il récupérerait ses terres », racontent ses proches voisins. « Il avait peut-être du mal à l’avaler, mais rien n’explique ce geste. Rien ! » s’indigne le maire de Perriers. L’agriculteur était, hier, toujours placé en garde à vue. Il devrait être présenté à un juge d’instruction au cours de la journée. Le sexagénaire encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
 

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