La famille de Sofya Asres, apprentie serveuse tuée jeudi par le fils du patron du restaurant de Castres où elle travaillait, veut que l'on sache que son enfant de 22 ans a été tuée gratuitement et sans raison. Un drame insurmontable pour cette famille éthiopienne venue en France il y a 20 ans.
Dans le pavillon de Navès tout près de Castres où réside Aziza, la maman adoptive de Sofya Asres, tuée jeudi matin d'un coup de couteau par Guillaume Raucoules, toute la famille est réunie depuis le drame. Un coup de folie monstrueux que personne ne comprend. Jeudi matin, le fils du patron du restaurant l'Olivier à Castres, cuisinier, a poignardé trois jeunes employées. Sofya Asres, 22 ans, apprentie serveuse depuis septembre a reçu un coup de couteau fatal à la carotide, coincée derrière le comptoir. Les deux autres jeunes filles sont blessées, dont une très grièvement. Elles sont toujours hospitalisées. Yassine Mohammed, le frère de Sofya est comme tous les autres, noyé dans le chagrin : «Il faut que tout le monde sache qu'on l'a tuée gratuitement et sans raison valable.» La maman adoptive de la petite, aux côtés de ses quatre enfants, voudrait que le corps de son enfant soit inhumé en Ethiopie, son pays qu'elle a quitté il y a presque 20 ans. Après la mort des parents de Sofya en Afrique, Aziza a adopté Sofya et sa sœur Seada qui sont arrivées en France il y a six ans : «Je l'ai amenée ici en France pour lui sauver la vie mais un monstre me l'a tuée.»
Depuis six ans, Sofya faisait tout son possible pour s'intégrer dans sa nouvelle vie. D'abord au collège des Cèdres à Castres puis au lycée Riess de Mazamet où elle a obtenu son CAP de vente. «La vente, elle adorait ça. Elle aimait les habits, bien se vêtir» continue Mulualem, son autre frère d'adoption qui l'hébergeait chez lui dans le quartier de Lardaillé. Pourtant, Sofya avait fini par abandonner ses rêves de vendeuse dans un magasin de mode : «Elle ne trouvait pas de travail dans une boutique. C'est très dur pour nous. Alors, elle s'est battue et a accepté des petits boulots, d'abord des extras au restaurant l'Olivier. Puis le patron lui a proposé un contrat d'apprentissage.» ajoute son frère. Un petit salaire, à peine 45 % du Smic mais la certitude de gagner sa vie et un peu d'autonomie : «La restauration, ça ne lui plaisait pas. Ce n'est pas la vie qu'elle voulait. Mais on prend ce qui vient.» Cet été, toute la fratrie était partie en vacances à la mer, du côté d'Argeles, avant que Sofya ne prenne son poste d'apprentie : «Elle était en train de passer le permis de conduire. Elle venait d'avoir le code. C'était un ange, très timide, calme mais toujours souriante.» ajoute son frère. Sofya se battait pour trouver sa place ici en France depuis son arrivée. «Elle voulait aller de l'avant, se débrouillait seule. Elle parlait toujours en français, même à nous, pour s'intégrer au mieux» témoigne Yassine, qui, comme toute sa famille souhaite qu'une marche blanche soit autorisée à Castres dans la semaine «Pour que tout le monde sache».
http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/22/1471204-castres-drame-de-l-olivier-on-a-tue-sofya-sans-raison.html
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