Deux jours après le double meurtre de Grenoble, la mère d'une des victimes laisse éclater sa colère sur
RTL. "Je suis anéantie, effondrée, désemparée, disloquée,
ça me fait trop mal. Pas une mort gratuite comme ça. Ces scènes de la vie
quotidienne deviennent banalisées. On ne peut pas se faire à l'idée que son fils
meurt comme ça. Ce n'était pas un délinquant, il n'a jamais fait de trafic,
c'est un garçon carré".
Son fils, Kévin, l'une des deux victimes de l'expédition
punitive, était étudiant et venait juste de terminer une licence de management à
Aix-en-Provence. Il s'était rendu à Grenoble pour passer le concours
d'une école. "J'ai fait une lettre au ministre de l'Intérieur Manuel
Valls, Je demande qu'il donne des moyens supplémentaires à la police ici,
il faut que Grenoble soit inscrite dans les zones sensibles, avec des moyens
supplémentaires. Il faut faire quelque chose, on ne peut pas continuer à laisser
notre jeunesse se massacrer comme ça", poursuit la mère de Kévin, pédiatre
dans la région de Grenoble. avant ce témoignage poignant, le ministre de
l'Intérieur avait demandé au préfet et au directeur départemental de la sécurité
publique "de mettre tous les moyens nécessaires à la disposition de l'enquête
conduite sous l'autorité du procureur de la République, afin que les auteurs de
ces actes barbares soient rapidement arrêtés". Le dispositif policier de
présence sur le terrain est également "immédiatement renforcé pour les prochains
jours".
"Les langues vont se délier"
Tout aurait débuté par une première dispute vendredi entre le
petit frère de 16 ans d'une des victimes et un camarade, à la sortie du lycée.
Un
"mauvais regard" aurait provoqué une altercation entre les deux
jeunes, à laquelle le grand frère de l'un d'eux se serait mêlé.
Puis, vers 20H00, de manière" fortuite", deux groupes d'une quinzaine de
personnes, composés des frères des adolescents qui s'étaient disputés
précédemment, se seraient affrontés dans la rue, mais les policiers sur place
n'avaient constaté aucune victime. Le camarade aurait alors dû présenter ses
excuses au petit frère de la victime, ce qui aurait conduit à une troisième
rixe, une "expédition punitive destinée à laver cet affront".
Vers 21H00, les deux victimes, âgées de 21 ans, étaient dans un
parc de la Villeneuve, à Echirolles, lorsqu'un groupe d'une quinzaine de
personnes, à pied et à scooter, muni de couteau, manches de pioche, marteau et
batte de base-ball, s'est abattu sur eux, a expliqué le procureur de la
République de Grenoble. "On n'est pas du tout dans le contexte qu'on voit
parfois de règlement de comptes, de gangs", a-t-il insisté. Il s'agit, selon
lui, d'"une bagarre d'une grande banalité qui a tourné de façon tragique, avec
ces deux victimes, dans un déchaînement de violences
difficilement explicable". La première victime est décédée après avoir reçu
plusieurs coups de couteau, dont l'un mortel au thorax. Le second jeune homme,
est décédé quelques heures plus tard. Des douilles d'une arme à feu non létale,
provenant d'un pistolet à grenaille ont également été retrouvées dans le parc,
entouré d'immeubles.
Une personne, considérée comme un témoin privilégié, a été
entendue samedi à l'hôtel de police de Grenoble avant d'être relâchée. Aucune
autre interpellation n'a eu lieu. "Les langues vont se délier. Nous allons
entendre des témoins, ce qui devrait nous permettre d'en savoir plus sur ce qui
s'est passé", a ajouté unresponsable de la police. Une marche blanche en hommage
aux deux jeunestués aura lieu mardi soir.
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