mercredi 5 septembre 2012

Albi. Deux drames de la route à la barre ce mardi

Le 21 juin, Nicolas perdait son épouse Sophie, tuée par un camion sur la rocade d'Albi. Fin janvier, c'est une Carmausine de 24 ans qui était morte des suites d'un accident survenu sur cette même RN 88. Les deux affaires sont jugées cet après-midi.
«Je n'attends pas grand-chose de ce procès pénal. Il y aura une sanction, sans doute, mais ça ne fera pas revenir ma femme.» Derrière ces mots de dépit, c'est la douleur digne d'un mari et d'un père qu'il faut écouter. Le 21 juin, Nicolas Himène a perdu à jamais Sophie, son épouse et la mère de ses deux garçons de 8 et 14 ans. Victime de la route, à 39 ans, sur la rocade d'Albi. Au guidon de son scooter, la jeune femme avait été percutée à l'arrière par un camion. L'enquête de police a pu établir que le chauffeur, un Albigeois de 30 ans, s'était endormi au volant. Du cannabis a été trouvé aussi dans son organisme. Dans une quantité suffisante pour expliquer sa somnolence ? Ce sera l'un des enjeux du procès. Le prévenu, qui devra répondra d'«homicide involontaire par conducteur de véhicule ayant fait usage de stupéfiants» et «conduite à une vitesse excessive eu égard aux circonstances», sera défendu par Me Jean-Philippe Lagrange. Sur le banc des parties civiles, Me Anne-Marie Bellen-Rotger portera la parole de Nicolas Himène qui sera présent à l'audience avec son fils aîné.
«Le grand tient à être là pendant que le petit fera sa rentrée à l'école primaire», confie le papa-courage, qui pourra aussi compter sur le soutien de sa famille et de nombreux amis. Ils ne seront pas de trop pour l'aider à passer ce moment. «Je suis stressé, forcément, car ça va me rappeler un souvenir que je m'efforce de chasser.»
Ce jeudi 21 juin, en tout début d'après-midi, Sophie a laissé Laurent à son travail. Au guidon de son scooter à 3 roues, la jeune femme, employée à France Télécom, a repris la route vers Albi, en empruntant la portion en travaux de la rocade, avant l'échangeur du Lude.

Le destin brisé d'Adeline

Un destin tragique l'y attendait.
Le même que celui qui a fauché, en janvier, Adeline Ferrié. Cette Carmausine de 24 ans, qui se destinait au métier d'éducatrice spécialisée, s'est trouvée elle aussi au mauvais endroit au mauvais moment. C'était le 20 janvier à 8 h 30 du matin. Au volant de sa Renault Clio, la jeune femme roulait sur la RN 88 en direction de Toulouse lorsqu'elle a été percutée par un Ford Transit. Arrivant de la route de Saint-Juéry, le fourgon aurait grillé la priorité sur la bretelle d'entrée de rocade. Sous le choc, la Clio s'était déportée sur la gauche, heurtant de plein fouet une Toyota Yaris arrivant en sens inverse, sur cette portion encore non aménagée. Très grièvement blessée, Adeline décédera 11 jours plus tard sur son lit d'hôpital à Toulouse, laissant sa famille et ses amis du club de basket de Carmaux dans un chagrin immense. Lors de cet accident, une habitante de Florentin âgée de 35 ans avait aussi été blessée, ce qui explique que le conducteur du fourgon, un Saint-Juérien de 56 ans, soit renvoyé en correctionnelle pour homicide involontaire et blessures involontaires avec incapacité n'excédant pas 3 mois.
Nicolas Himène ne connaissait pas Adeline Ferrié mais il se souvient des circonstances de cette collision survenue un matin d'hiver, sur chaussée mouillée. Rien à voir avec les conditions de circulation du 21 juin. «Avec le chantier sur la rocade, la vitesse était forcément réduite. Je sais que le chauffeur avait commencé sa journée à 6 heures. Il ramenait son camion au dépôt et était peut-être fatigué, mais il aurait dû s'arrêter avant, prendre l'air. Plusieurs témoins ont signalé sa conduite dangereuse quelques minutes avant, route de Castres. Il n'a pas maîtrisé son véhicule, un point c'est tout. Souvent, on parle de fatalité mais là, c'est un accident qui aurait très bien pu être évité.» Nicolas Himène n'en serait pas aujourd'hui à dresser ce constat, plus accablant que la sentence que pourrait prononcer le tribunal : «J'ai 43 ans, un fils de 8 ans et un autre de 14 ans et jusqu'à la fin de ma vie, je n'aurai plus ma femme».

http://www.ladepeche.fr/article/2012/09/04/1431363-albi-deux-drames-de-la-route-a-la-barre-ce-mardi.html

Aucun commentaire: