La cour d’appel de Nancy juge depuis hier Abdelkader Gridda, 27 ans, qui comparaît pour meurtre et tentative de meurtre. Le 30 juin 2007, vers 3 h du matin, au volant de sa voiture, il avait foncé dans la foule qui participait à la fête de la bière de Berrwiller, tuant Benoît Prost, 21 ans, et blessant 16 autres personnes.
Pour l’expert psychiatre Jean-Georges Rohmer, Abdelkader Gridda a une « intolérance aux limites » et a tendance « à minimiser » ses actes et leurs conséquences, en se disant « victime des événements plutôt que responsable », avec une « tendance à l’auto-apitoiement ». Il n’y a pas chez lui « de maladies psychiatriques » ni « d’amnésie » concernant les faits, mais « une incapacité à tirer des leçons de ses expériences ». Gridda est un sujet « caractériel », aux traits « de personnalité psychopathique », « immature et insouciant ». La consommation d’alcool et de cannabis avant son passage à l’acte a pu « faciliter la désinhibition sur un plan comportemental » et « accentuer les caractères intrinsèques de l’accusé », dont « son intolérance à la frustration » et son « impulsivité », mais pas « les provoquer ». « Son discernement n’était pas aboli au moment des faits ».
Interrogé par le président, l’accusé évoque ses difficultés scolaires, son placement en foyer à Belfort et sa formation de chaudronnier qu’il n’a pas menée à son terme. À 18 ans, il a commencé à travailler en enchaînant des contrats. Mais son truc, c’était les copains et « faire la fête ». C’est en entrant au collège qu’Abdelkader Gridda a commencé à fumer du cannabis et à multiplier les délits pour payer sa consommation. À 14 ans, il était déjà consommateur chronique et régulier de cannabis, auquel s’ajoutera ensuite l’alcool. Le 29 juin 2007, jour de la fête à Berrwiller, il a été condamné à Mulhouse pour trafic de stupéfiants…
En prison, où il travaille et suit des cours pour préparer le brevet, il a fait l’objet de plusieurs mesures disciplinaires, notamment pour consommation de cannabis. « Tous ces faits remontent à 2009, souligne son avocate. Depuis, il n’y a plus eu de problèmes. »
Son ancien instituteur témoigne en sa faveur, parlant d’un élève de primaire « qui n’a laissé que de bons souvenirs ». Pour l’enseignant, si l’accusé a décroché au collège, c’est par « absence d’un référent », « capable de cadrer les choses ».
L’accusé explique son geste insensé parce que la foule était hostile, qu’elle avait dégradé sa voiture en lançant des projectiles sur elle et qu’il a « paniqué ». Une thèse contestée par les gendarmes enquêteurs. « On n’a pas retrouvé de pavés ou de cailloux sur les lieux et aucun des 123 témoins entendus n’a fait part de dégradations sur la voiture lors de son premier passage dans la foule. »
En revanche, plusieurs ont entendu « le son des coups donnés du plat de la main » sur la carrosserie de la voiture, « comme pour lui dire : dépêche-toi de partir ». Mais l’accusé fait demi-tour un peu plus loin, semble hésiter quelques instants « en fixant la foule », avant d’accélérer et de revenir à grande vitesse, « estimée entre 40 et 60 km/h » pour traverser une seconde fois la zone, cette fois-ci en y opérant un véritable carnage.
http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2012/06/08/a-la-cour-d-appel-de-nancy-un-accuse-intolerant-a-la-frustration
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