La petite rue du Foirail, près de la place du Pin à Agen, était bouclée à ses deux extrémités, jeudi matin, par des barrières et voitures de police. Au n°6, dans une maison aux volets décrépis, s'est déroulée pendant un peu plus de trois heures la reconstitution de la mort de James Delpierre, tué à 50 ans par son frère de deux ans son aîné, William, d'un coup de couteau.
L'accusé, mis en examen pour meurtre, a refait les gestes et redit les paroles échangées au cours de la dispute ayant précédé le coup fatal, le 8 mai 2011.
Ce soir-là, les deux frères, qui s'étaient tous deux alcoolisés, se sont accrochés pour une histoire de télévision. James aurait critiqué le volume sonore, qu'il aurait trouvé trop élevé. Il aurait alors menacé de casser le poste. William, malade, souvent alcoolisé, très sédentaire, n'a peut-être pas supporté l'idée de perdre sa principale lucarne d'évasion, écran de lumière dans cette maison à l'intérieur crasseux décrit par les intervenants d'hier comme « un taudis à l'abandon ».
Une bagarre s'en est suivie entre les deux frères. James armé d'une chaise aux pieds en fer, William d'un couteau de cuisine. Pendant la reconstitution, William et un homme jouant le rôle du frère cadet ont mimé les positions et les gestes, pour vérifier la compatibilité des déclarations de l'auteur présumé avec les constatations scientifiques et médico-légales.
« Un coup dans la bagarre »
L'auteur présumé du meurtre a jusqu'à présent fait valoir « qu'il n'avait jamais eu l'intention de frapper son frère avec le couteau, encore moins pour le tuer » relaie son avocate, Me Françoise Mourgues-Menaud. « La reconstitution n'a pas vraiment clarifié le problème », estime l'avocate, qui prend le point d'interrogation à son avantage. « L'intention meurtrière ne ressort pas comme une évidence », commente-t-elle la reconstitution passée.
Dans cette version, le coup de couteau fatal, le seul donné, qui a atteint James Delpierre au cœur, aurait été involontaire. Et le chef d'accusation, de meurtre « pas vraiment caractérisé ». La juge d'instruction réentendra l'accusé. La reconstitution d'hier portait sur la dispute, la bagarre et le coup de couteau. William Delpierre n'a rien expliqué de son attitude après les faits.
Le quinquagénaire avait été trouvé prostré près de son frère mort, le mardi, soit plus de quarante-huit heures après les faits. À son interpellation il avait 1,74 gramme d'alcool par litre de sang et un taux en phase ascendante. Les deux frères ne posaient apparemment aucun problème dans le quartier. Les voisins n'avaient rien perçu du drame qui s'était noué près de chez eux. C'est l'employeur de James qui s'est inquiété, le lundi matin, de ne pas le voir à son poste. La victime travaillait à Rotomod, usine de fabrication de canoës-kayaks, à Bon-Encontre, où il était apprécié. Son patron avait prévenu l'ancienne compagne de James. Cette dernière était passée au domicile des deux frères. Elle avait trouvé William assis près de son cadet, mort.
http://www.sudouest.fr/2012/06/08/reconstitution-d-un-fratricide-a-huis-clos-736840-3603.php
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