Le maire Didier Borotra le prend par le bras et lui glisse tout doucement : « Vous avez fait ce que vous avez pu ». Les yeux bleus du brigadier-chef principal de la Police municipale de Biarritz, Jean-Luc Saint-Pierre, se remplissent de larmes. « Je la tenais, murmure-t-il en mimant le geste de sa main droite. Je la tenais… J'ai cru pouvoir la ramener mais la vague l'a emportée. »
Samedi soir, alors que les Casetas attirent encore une foule compacte de jeunes, l'émotion est toujours palpable au sein des policiers. Le matin même, quatre d'entre eux ont risqué leur vie en portant secours à une jeune Angloye de 22 ans, originaire d'Orthez qui a chuté accidentellement dans le Trou du diable, et à son cousin qui a lui aussi sauté pour essayer de la ramener.
Elle chute d'une rambarde
Il est 2 h 45 lorsque les faits se passent. Les Casetas ont fermé leurs portes depuis trois quarts d'heure. Angelica Mondange, repart de la Côte des Basques à pied accompagnée d'un groupe d'amis. Passée la villa Belza, elle se met en tête de monter sur la rambarde qui relie la villa Belza à la place du Canon distante de quelques mètres. Ses amis ont beau essayer de l'en dissuader, elle parvient à grimper dessus.
À cet endroit, la rambarde est large d'une vingtaine de centimètres et présente une forme arrondie. Elle surplombe le Trou du diable. Une minuscule crique tapissée de rochers et dans laquelle viennent se fracasser les vagues. À cette heure-là de la nuit, la mer est agitée présentant une houle de 1,50 à 2 mètres
Angelica Mondange perd vite l'équilibre et chute. Son cousin, présent dans le petit groupe, saute aussi. Les témoins donnent immédiatement l'alerte. Remontent à ce moment précis des policiers municipaux. Ils ont fini de faire évacuer les Casetas et se dirigent vers le centre-ville. « Nous n'avons pas réfléchi, raconte le directeur de la Police municipale, Xavier Blaisot, nous sommes descendus dans le Trou. » Jean-Luc Saint-Pierre est le premier à se laisser glisser le long d'un mur de briques sans véritables prises, jusqu'aux premiers rochers. Il est suivi du brigadier Philippe Pocrain. L'ASVP (agent de surveillance de la voie publique) Emmanuel Letouzé et Xavier Blaisot les tiennent comme ils peuvent.
Le ceinturon sera arraché
Une vague ramène les deux jeunes vers eux et permet aux deux policiers les plus bas de les attraper. Le cousin est hissé sur le bord. Jean-Luc Saint-Pierre, lui, tient fermement la main d'Angelica. Laquelle s'agrippe aussi à son ceinturon. Mais une déferlante les fera lâcher prise. Sous sa puissance, le ceinturon du policier sera littéralement arraché. Angelica Mondange, Angy pour les intimes, est emportée au large.
« Vu la puissance de la vague, se souvient encore ému Xavier Blaisot, j'ai cru que mes deux hommes étaient eux aussi tombés dans l'eau. » Prostré, Jean-Luc Saint-Pierre hurlera longtemps après sa rage et sa douleur.
Hier encore, le corps d'Angelica Mondange n'avait toujours pas été retrouvé.
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