En mémoire de la petite Melissa

Une manifestation émouvante et digne, voilà les termes les plus adéquats pour définir le rassemblement qui s’est tenu hier, à 14 h, sur la zone du Saut-le-Cerf, route de Jeuxey.
Près de 150 personnes étaient réunies pour rendre hommage à Melissa, la fillette de 11 ans tuée par un automobiliste mardi soir alors qu’elle traversait la route en compagnie d’une amie (notre édition de mercredi).
Le drame a bien entendu marqué tous les esprits. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’une grande majorité des habitants du quartier aient souhaité s’unir autour de la maman de la victime, Corinne Boyer, afin de l’épauler dans ces moments si douloureux. Les yeux sont rougis par la tristesse. Chacun apporte comme il peut son réconfort à la mère de la petite Melissa.
Une multitude de fleurs, essentiellement des roses, viennent joncher le sol où le drame s’est déroulé. Les plus petits, eux, ont apporté des ballons blancs.
La voix étranglée par le chagrin, Corinne Boyer appelle de tous ses vœux qu’une telle tragédie n’ait plus lieu. « Ne laissez plus les enfants traverser cette route sans qu’il y ait de passage piéton pour les protéger », lance la mère de famille éplorée.
Informé du rassemblement, Michel Heinrich, maire d’Epinal, a fait le déplacement. Il est au milieu des riverains lorsqu’il entend le message de Corinne Boyer. L’édile fend la foule pour aller à sa rencontre.
Des échanges de point de vue s’opèrent sur la sécurité du quartier.
Les riverains considèrent que la route de Jeuxey n’est pas assez sûre. Un collectif a d’ailleurs écrit au maire afin de l’interpeller sur la dangerosité au quotidien de cet axe. Le collectif déplore également un manque d’investissement de la part de la commune sur ce quartier.
« On nous demande la pose de dos-d’âne mais nous ne pouvons pas car la route de Jeuxey est départementale », explique Michel Heinrich.
Le maire énumère ensuite les différents projets qui ont vu le jour afin de protéger la population du Saut-le-Cerf comme la sécurisation du carrefour à feux au lieu-dit de la Jardinerie, une traversée piétonne sécurisée au niveau des commerces avec la construction d’un îlot central ou bien encore le traçage d’un passage protégé permettant de rejoindre les arrêts de bus.

Un trafic de 25 000 à 30 000 véhicules par jour

Pour certains, de nouveaux passages piétons sont nécessaires. « On peut nous donner un pot de peinture et un pinceau, on les tracera nous-mêmes les passages piétons », déclarent Nicolas et Yanis, deux jeunes adolescents du quartier. Mais cette éventualité ne convainc pas le maire, loin de là. « Si nous mettons en place de nouveaux passages cloutés sans l’installation de feux rouges, ce serait une catastrophe. Cette route départementale est dangereuse car elle connaît un trafic de 25 000 à 30 000 véhicules par jour », affirme Michel Heinrich avant de revenir sur la seule solution efficace à ses yeux : « Il faut prendre les passages protégés existants. »
Reste enfin l’option d’un éventuel radar installé sur cette portion. Michel Heinrich posera la question à la Préfète puisque c’est l’Etat qui décide de la pose de ces machines sur l’ensemble de l’hexagone. Une question d’autant plus légitime de la part de l’édile qu’il vient de saisir la Préfète pour la mise en place d’une commission « Réagir » (Réagir pour les Enquêtes sur les Accidents Graves et les Initiatives pour y Remédier), ce qui permettra de mieux comprendre les raisons de cet accident.

« Pour moi, il faut un radar »

Brice Olry, l’un des protagonistes du rassemblement, ne décolère pourtant pas. Même s’il tient à saluer le déplacement du premier magistrat spinalien : « Il est venu à notre rencontre. C’est sympa. Mais malheureusement, il faut qu’il y ait un drame afin que les choses bougent. En 15 ans, il y a déjà eu 5-6 décès sur cette route », regrette Brice Olry tout en pestant sur des projets qui tarderaient à voir le jour sur le Saut-le-Cerf : « Pourtant, Bitola, La Vierge et la ZUP sont des quartiers qui ont été réhabilités… Ce qui n’est pas encore notre cas », lâche l’intéressé qui attend beaucoup de la prochaine réunion de quartier. Celle-ci se tiendra au centre Léo-Lagrange le 6 juillet prochain. « Les projets seront abordés ainsi que cette fameuse question de sécurité. Si rien n’est fait dans les prochains mois, nous nous mobiliserons à nouveau », affirme Brice Olry.
Après plus d’une heure de recueillement et de discussions, la maman de la petite Melissa veut regagner son domicile. Elle s’adresse une dernière fois à toutes les personnes qui se sont mobilisées en hommage à sa fille. Un discours émouvant et déterminé : « Je remercie tout le monde. Je n’en veux pas à l’automobiliste qui a renversé Melissa. Mais il faut trouver une solution pour protéger les enfants qui vont à l’école. Pour moi, il faut un radar, et je me battrai pour ça. »

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