mercredi 18 janvier 2012

Il y a un an, à La Bernerie, Laëtitia disparaissait

Les dates, les faits
La disparition, les recherches
18 janvier. Laëtitia Perrais, 18 ans, n’est pas rentrée de son travail, à La Bernerie, où elle est apprentie serveuse dans un hôtel-restaurant. Son scooter, clé sur le contact, et ses chaussures sont retrouvés tôt le lendemain matin. À une cinquantaine de mètres du domicile où elle vit, près de Pornic, dans une famille d’accueil, avec sa sœur jumelle. On présage déjà qu’il lui est arrivé quelque chose de grave. Les recherches commencent. Elles vont durer et se déployer sur un large périmètre, au sud et au nord de la Loire. On sonde les pièces d’eau du secteur. Pendant ce temps, l’enquête établit que la jeune femme s’était rendue, avec un homme de 31 ans, qu’elle connaît, dans un bar de La Bernerie, après son service. Et que, plus tard dans la nuit, elle a appelé un ami à qui elle a parlé d’un viol.
Le 1er février, des plongeurs de la gendarmerie découvrent la tête et les membres de Laëtitia, dans le plan d’eau du Trou Bleu, à Lavau-sur-Loire. Un endroit fréquenté par le suspect du meurtre. Dans les jours qui suivent, les pièces d’eau du site sont vidées pour tenter de retrouver le reste du corps de Laëtitia. Le 10 février, les recherches s’arrêtent ici, pour continuer ailleurs. Le buste de Laëtitia est introuvable. Le 5 avril, un nouveau site de recherches est exploré, à Savenay, autour et dans le lac. Le lendemain, ce sont les plages de La Bernerie qui sont ratissées…
Le 9 avril, à Port-Saint-Père, une femme repère une forme étrange flottant à la surface de l’étang de Briord. L’endroit n’avait pas encore été exploré par les plongeurs de la gendarmerie. L’autopsie pratiquée le lendemain confirme qu’il s’agit du buste de Laëtitia. « Cette découverte rendra le deuil de sa famille un peu moins douloureux », espère le maire de Port-Saint-Père qui s’est rendu sur les lieux. « Je pense aussi qu’elle sera source d’apaisement dans le Pays de Retz ».
Un suspect principal
20 janvier. Tony Meilhon est interpellé à Arthon-en-Retz. Il y vit, dans une caravane, sur un terrain appartenant à un cousin. Il a été identifié par des témoins qui l’ont vu à plusieurs reprises en compagnie de Laëtitia. Pendant l’interrogatoire, il admet une collision avec le scooter de la jeune femme et indique avoir jeté le corps dans la Loire. Le 22 janvier, il est mis en examen pour enlèvement suivi de mort. Il refuse l’assistance d’un avocat et se tait. Le 11 février, il est extrait de la maison d’arrêt de Rennes où il est détenu, pour être entendu, à Nantes, par les deux juges d’instruction en charge de l’enquête sur le meurtre de Laëtitia. Il reste totalement « mutique ».
Le 13 février, Tony Meilhon tente de se suicider dans sa cellule, en ingérant des produits ménagers. Il est placé le lendemain dans une unité pour malades difficiles, à Plouguernével, dans les Côtes-d’Armor. De retour en prison, il fait une nouvelle tentative de suicide le 29 mars, en absorbant des médicaments.
Le 3 mai, le cabinet de Me Dupond-Moretti, ténor du barreau, annonce qu’il défendra Tony Meilhon. Le meurtrier présumé de Laëtitia a décidé d’être assisté, ce qu’il avait toujours refusé jusque-là et réclame le ténor du barreau de Lille (défenseur de Jérôme Kerviel ou d’Yvan Colonna). Qui, finalement, déclinera. C’est le bâtonnier de Saint-Nazaire, Jacques Lambert, qui devient le défenseur de Tony Meilhon. Le 6 juin, ce dernier sort de son mutisme. Devant les juges d’instruction, il explique avoir eu un accident avec le scooter de Laëtitia et a « cru qu’elle était morte », relaie son avocat. Il l’a transportée jusque chez lui dans le coffre de sa voiture. La suite ? « Il ne l’explique pas. Il a eu un trou noir, sous l’effet conjugué de la drogue et de l’alcool. »
L’émotion
24 janvier. Les proches de Laëtitia organisent une marche à laquelle participent 300 personnes, au pied du pont de Saint-Nazaire. Des appels à témoin sont distribués aux automobilistes. Le 29 janvier, une marche blanche et silencieuse est organisée à La Bernerie. Un cortège de 2 000 personnes refait le dernier trajet connu de la jeune femme. Un lieu de recueillement est ouvert dans l’ancienne chapelle de l’hôpital où l’on peut déposer une fleur au pied d’un portrait de Laëtitia ou laisser un message sur un registre. Le 30 janvier, une autre marche, organisée cette fois par la famille biologique de Laëtitia, réunit 250 personnes à Nantes. Deux jours plus tard, 200 personnes se réunissent encore, pour une veillée de prière et de recueillement en l’église de La Bernerie.
31 janvier. La famille d’accueil de Laëtitia est reçue à l’Élysée. Le passé judiciaire du principal suspect est évoqué. « Des fautes ont été commises. Les responsables devront en répondre », leur promet le Président de la République. En visant la chaîne pénale, Nicolas Sarkozy déclenche une révolte sans précédent chez les magistrats nantais, puis dans toute la France.
Le 16 février, la sœur jumelle de la victime, Jessica, accompagne les époux Patron, à nouveau reçus à l’Élysée. Nicolas Sarkozy avait promis de les revoir, une fois bouclés les rapports d’inspection sur le suivi judiciaire de Tony Meilhon.
Le calvaire de Laëtitia
Le 31 mai, les résultats d’une trentaine d’expertises présentées aux familles d’accueil et biologique de Laëtitia éclairent les conditions dans lesquelles la jeune femme a été tuée. L’accident de scooter ne l’a pas tuée. Laëtitia a succombé après une incroyable série de coups portés au visage et de nombreuses blessures par arme blanche sur tout le corps avant d’être étranglée puis son corps démembré. Les experts mettent aussi en évidence le fait que la jeune femme avait consommé un peu d’alcool et de la cocaïne. Aucune trace de violences sexuelles n’a, en revanche, été relevée.
Le 21 juin, aucune contre-expertise n’ayant été opposée aux conclusions des médecins légistes et des experts en anatomopathologie, le permis d’inhumer de Laëtitia est enfin délivré.
Les funérailles, enfin
25 juin. Les obsèques de Laëtitia sont célébrées à La Bernerie. Cinq mois après son meurtre. 800 personnes sont là pour lui rendre un dernier hommage. Deux photos de la jeune femme ont été affichées de part et d’autre de l’entrée de l’église. Des haut-parleurs permettent à ceux qui sont restés à l’extérieur, de suivre la cérémonie. Franck Louvrier, conseiller en communication à l’Élysée, y assiste, porteur d’un message de Nicolas Sarkozy aux familles éprouvées par le drame.

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