Jeudi après-midi à Cannes, environ 3.500 personnes sont allées témoigner leur solidarité aux proches du bijoutier tué samedi dernier. Tous unis autour de la famille Unik
La place du Marché à La Bocca n’a jamais été aussi peuplée que jeudi après-midi. Mais elle n’a jamais été aussi silencieuse. Depuis la mort de Thierry Unik, ce n’est pas seulement une famille qui est endeuillée. C’est tout un quartier. Voire toute une cité.
Jeudi à 14h30, ils étaient environ 3.500, pour cette grande marche en hommage au bijoutier abattu samedi dernier. Les hommes ne sont jamais aussi unis que dans la douleur. À l’arrivée des proches de la victime, l’assistance s’est spontanément écartée pour leur ouvrir le passage.
Des embrassades, et des sanglots. Des accolades, et des petits mots. « Merci, merci, merci… ». Michel, le frère de Thierry, est d’autant plus chéri qu’il renvoie l’image troublante de son jumeau.
« Désolé, mais je ne peux pas embrasser tout le monde… », s’excuse presque le chef du clan Unik, les yeux rougis de tristesse, mais le cœur ravi par cet élan de solidarité. « Merci beaucoup à tous de me soutenir comme ça, pour mon frère qui n’est plus là, mais qui nous voit d’en haut. »
Une dame souffle à sa voisine : « Qu’est ce qu’il est brave, cet homme. »
« On est de tout cœur avec vous ! »
Aux côtés de Michel, Martine, la maman; Nathalie, la sœur des jumeaux, et Olivier son mari; l’oncle Alain et son épouse Évelyne. Contre l’épaule de Michel, le visage enfoui de sa femme, Pascale.
Une rose à la main, en première ligne, ils mènent le cortège avec dignité, au pas cadencé. Juste derrière, une garde rapprochée, dont Eric Chaumier, le président des commerçants (UBACI) de La Bocca. Et puis après, la foule, immense marée. Des jeunes, des vieux. Des élus qui se font discrets. Tout autour, le va-et-vient nécessaire des médias semble gesticulation.
Le long de l’avenue Michel-Jourdan, on n’entend que le clic des appareils photos, et le frottement des talons sur le bitume. Devant les immeubles et les devantures closes des magasins, des spectateurs forment une haie d’honneur. Opinent de la tête : « On est de tout cœur avec vous! ». C’est le pouls de toute La Bocca qui bat ici.
La marche tourne autour des postes de police municipale et nationale. Image symbolique, en ces temps d’insécurité. L’avenue Francis-Tonner, coupée à la circulation. Dernière ligne droite. Pas la moins douloureuse.
À l’approche du 86, le pas se fait moins sûr, l’allure plus chancelante. À quelques dizaines de mètres de la bijouterie, Pascale Unik, tenue en respect par les braqueurs le soir du drame, craque soudain. S’effondre en larmes.
La bijouterie, un autel fleuri pour Thierry
« Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas…», répète l’employée du magasin. Déchirant. Mais la belle-sœur du défunt, avec un courage exemplaire, trouve la force de surmonter son chagrin pour accomplir les derniers mètres au bras de son mari Michel.
La bijouterie n’est plus qu’un autel fleuri, où le portrait de Thierry Unik sourit presque. Des fleurs, des pleurs. Les offrandes et les honneurs. Les gens défilent un à un. Ils semblent ne faire qu’un. La famille se réfugie enfin à l’abri des regards, entre amis. À « l’Authentic », le restaurant dont Michel est copropriétaire. Ce dernier franchit le seuil. Nouvelle salve de remerciements. À la police, à la Ville, aux pompiers, aux commerçants, et surtout, aux habitants du quartier.
« Je vous remercie du fond du cœur. Votre gentillesse est énorme. Je ne suis pas originaire de La Bocca, mais aujourd’hui, je suis boccassien! »
Jeudi vers 16 h, fondus dans l’hommage rendu à Thierry Unik, tous auraient pu lui répondre : « Nous sommes tous des Boccassiens. »
http://www.nicematin.com/article/cote-dazur/cannes-ils-ont-tous-marche-pour-thierry-unik
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