Vosges : où est passé l’argent du petit Johnny ?

Epinal. Joël Tajana enrage, serre le poing à la simple évocation des accusations de Marcel Mathis, le maire de Ménil-en-Xaintois. Le premier magistrat est en conflit avec le sauveur du petit Johnny. Le sort de ce gamin du village, martyrisé par sa famille...
Epinal. Joël Tajana enrage, serre le poing à la simple évocation des accusations de Marcel Mathis, le maire de Ménil-en-Xaintois. Le premier magistrat est en conflit avec le sauveur du petit Johnny. Le sort de ce gamin du village, martyrisé par sa famille, avait ému la France à la fin des années 90.
Marcel Mathis accuse Joël Tajana d’avoir vidé les comptes de l’association « Johnny et Cindy » spécialement créée afin de gérer les dons versés pour aider l’enfant supplicié alors âgé de 3 ans et sa demi-sœur Cindy. L’artisan cloué au pilori par l’élu s’emporte : « L’argent, il veut la récupérer pour sa commune, il ne l’aura jamais. » Il pointe alors du doigt la photo du petit Johnny accroché au mur de son salon à côté des clichés de ses propres enfants…
« Le calvaire de ce petit me hante encore », souffle-t-il. Il reconnaît avoir pris une partie de la trésorerie de l’association pour son usage personnel. Et explique pourquoi : «Cette affaire m’a causé beaucoup de tort. Les fenêtres que j’ai posées dans la ferme de la famille du petit, personne ne me les a jamais payées ! Quand l’affaire est sortie dans les médias, pendant un mois et demi, la presse faisait le pied de grue devant chez moi 24 h sur 24, je ne pouvais plus sortir de ma maison pour aller bosser. Dans cette histoire, j’ai perdu plus de 57.000 francs (8 689 €) ! J’ai pris une partie de l’argent de l’association pour me rembourser. Mais je m’engage à redonner ces dons aux enfants quand ils se manifesteront. »
Argent retiré en liquide
Le maire de Ménil-en-Xaintois s’est rendu compte que quelque chose clochait au milieu des années 2000. « Je ne recevais plus d’extraits de compte de cette association dont le siège social était à la mairie. Mon prédécesseur à la mairie, Alain Viriot décédé en 2008, l’avait montée avec Joël Tajana. Courant 2009, je me suis intéressé plus précisément à cette histoire. J’ai contacté la banque où le compte de l’association avait été ouvert. Ses dirigeants m’ont faxé la preuve que Joël Tajana avait retiré en liquide le 26 juillet 2003 la somme de 4 859 €. » Le maire demande alors des explications au sauveur du petit Johnny : « Il m’a dit qu’il retirait l’argent de la banque parce qu’elle refusait de lui accorder un prêt. On avait convenu d’un rendez-vous à la mairie, il n’est jamais venu. » L’élu se renseigne alors auprès de l’association des maires. « J’avais peur qu’en tant que maire de Ménil, la justice puisse me reprocher quelque chose », explique-t-il. On lui conseille alors de rapporter ces faits au Parquet d’Épinal. Ce qu’il fait mais sans porter plainte contre Joël Tajana. De son côté, l’artisan prend conseil auprès M e Desforges -elle défendait les intérêts du petit Johnny lors du procès d’assises en 1999.
« Mon client m’a demandé quelles procédures juridiques il fallait suivre pour mettre fin à l’existence de cette association qui n’avait plus lieu d’être. Il m’a aussi parlé du conflit qui l’opposait au maire de Ménil-en-Xaintois. Je pensais qu’ils avaient réussi à s’entendre. Jamais il ne m’a indiqué qu’il comptait utiliser l’argent de l’association à des fins personnelles », raconte l’avocate.
À l’heure actuelle, aucune poursuite n’a été engagée contre Joël Tajana dans le cadre de cette affaire.

http://www.estrepublicain.fr/fr/a-la-une/info/5619840-Societe-Les-comptes-de-l-association-censee-venir-en-aide-a-l-enfant-martyr-de-Menil-en-Xaintois-dans-les-Vosges-ont-ete-vides-Vosges-ou-est-passe-l-argent-du-petit-Johnny