dimanche 7 janvier 2018

La chanteuse France Gall est morte à l'âge de 70 ans

France Gall est morte ce dimanche matin à Paris peu après 10 heures des suites d'un cancer. Elle avait 70 ans. Depuis quelques mois, la chanteuse, hospitalisée fin décembre pour une « infection sévère », ressentait une « immense fatigue » et « des problèmes respiratoires ». L’épouse de Michel Berger, qui avait commencé sa carrière à 16 ans, s’était faite plus discrète depuis la mort de sa fille en 1997.

Née Isabelle, France Gall est tombée dans la musique quand elle était petite. Elle est la fille de Robert Gall, chanteur et auteur de chansons à succès comme Les amants merveilleux pour Edith Piaf, ou La Mamma pour Charles Aznavour, et de Cécile Berthier. A la maison passent régulièrement Hugues Aufray, Marie Laforêt et Claude Nougaro. Isabelle commence le piano à 5 ans, se met à la guitare à 11 ans. Son père l’incite ensuite à enregistrer des chansons dont il remet les bandes à un éditeur musical, Denis Bourgeois, au printemps 1963.


D’abord se faire un prénom



La jeune fille débarque dans le paysage musical français alors que la chanteuse Isabelle Aubret est une grande vedette. Elle doit donc changer de prénom. Ce sera France. « J’ai toujours été contre "France", je trouvais que c’était trop dur. "Isabelle", ça me correspondait, ça me plaisait, confie la chanteuse dans France Gall par France Gall, son autoportrait diffusé par France 3, en 2001. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour que je me mette à aimer mon nom. » Le jour des 16 ans de la chanteuse, le 9 octobre 1963, la voix de France Gall résonne sur les ondes françaises. Sa chanson Ne soit pas si bête arrive 44e place du hit-parade.
Son directeur artistique, qui travaille également avec Serge Gainsbourg, propose à ce dernier de composer pour la jeune interprète. Il lui compose N’écoute pas les idoles, qui se place en tête du hit-parade en mars 1964. Une rencontre marquante pour la chanteuse. « C’est quelqu’un que j’avais du plaisir à voir parce que je l’admirais et j’aimais ce qu’il écrivait, confiait la chanteuse, toujours dans son autoportrait télévisé. Et j’aimais bien sa timidité, son élégance et son éducation. C’était très agréable comme relation. »


Gainsbourg et les scandales



Quand Sacré Charlemagne sort, le titre déplaît à la chanteuse. Et pourtant, elle vend plus de deux millions d’exemplaires du titre. En 1965, France Gall est sélectionnée pour représenter le Luxembourg à l' Eurovision, et elle choisit elle-même la chanson : Poupée de cire, poupée de son. La jeune fille chante, un peu timide, face à 150 millions de téléspectateurs. Elle remporte le concours.
« J’avais 17 ans et je n’en garde pas un souvenir extraordinaire, racontait à ce sujet la chanteuse au Parisien en 2015. A l’Eurovision, je n’étais pas très confiante. J’avais envie que ça se finisse vite car, pendant la répétition, les musiciens n’avaient pas du tout aimé l’ambiance de cavalerie dans la musique de Poupée de cire, poupée de son. Et pourtant le public a fini debout. Mais je ne l’ai pas vécu comme une victoire parce que j’avais des problèmes de cœur. » En effet, au même moment, Claude François, son petit ami, lui annonçait leur rupture.

En 1966, Serge Gainsbourg lui écrit Les Sucettes, chanson suggestive qui déclenche un scandale. France Gall comprend après coup qu’on a joué avec son image en lui faisant chanter cette chanson. Ses relations avec Serge Gainsbourg sont entachées par cet épisode. Leur collaboration prend fin en 1967.


Le creux de la vague



En 1968, après un flop, France Gall, fraîchement majeure, décide de se séparer de Denis Bourgeois et de Philips. Mais dans sa nouvelle maison de disque, elle vit une réelle traversée du désert. France Gall se rabat donc sur une maison de disque américaine avec laquelle cela ne fonctionne toujours pas.
Elle rappelle Serge Gainsbourg, mais rien n’y fait. En 1971, elle participe avec son frère Patrice à un roman-photo en huit épisodes. Lors d’une interview en 1996, elle confie : « Pour moi, ce roman-photo, c’était la déchéance. L’étape d’après aurait été de faire un film porno. » Dans sa vie privée, c’est aussi compliqué. France Gall est avec Julien Clerc depuis 1969. Mais celui-ci la cache pour préserver son image auprès des femmes, ce qu’elle a beaucoup de mal à supporter.


La résurrection



Le miracle pour sortir de ce cercle vicieux s’appelle Michel Berger. France Gall est subjuguée par sa musique en entendant sa chanson Attends-moi en 1973. Elle demande au compositeur de lui donner son avis sur les chansons qu’on lui a proposées. Michel Berger est assez consterné par ce qu’elle lui fait écouter mais n’envisage pas d’écrire pour elle. En 1974, après six mois d’attente, France Gall obtient enfin un titre de lui, La déclaration d’amour, qui relance sa carrière. Petit à petit, leur relation de travail devient amoureuse, ils se marient en 1976 et ont une fille, Pauline, en 1978.
En 1979, Michel Berger et Luc Plamondon montent l’opéra-rock Starmania, dans lequel France Gall a bien sûr un rôle. En 1981, elle donne naissance à Raphaël, leur fils. En 1982, elle investit le Palais des sports de Paris avec son spectacle Tout pour la musique. Elle enchaîne les tubes au début des années 1980 mais garde beaucoup de temps pour sa vie de famille. Elle enregistre peu dans les années qui suivent.

Elle revient en 1992 avec l’album Double Jeu, qu’elle a enregistré avec Michel Berger. Ils se lancent dans une tournée qu’ils ne peuvent pas mener à son terme en raison du décès de l’auteur-compositeur interprète le 2 août 1992. Atteinte d’un cancer du sein dont elle se remet, France Gall doit ensuite surmonter la disparition de sa fille, morte de la mucoviscidose, en 1997.


Le retrait de la vie médiatique



France Gall se fait de plus en plus discrète. En 1997, elle met fin à sa carrière de chanteuse. Les 12 et 15 août 2000, elle fait une apparition à l’Olympia pour chanter Quelque chose de Tennessee en duo avec Johnny Hallyday. C’était sa dernière apparition sur scène. En 2015, elle a présenté la comédie musicale Résiste, un spectacle construit autour des chansons de Michel Berger.
Depuis vingt ans, France Gall a continué à faire de l’humanitaire, ce qu’elle avait commencé à faire dans les années 1980 avec Daniel Balavoine et Michel Berger. Surtout, en tant qu’héritière de ce dernier, elle a géré ses droits et fait vivre sa musique. Côté vie privée, la chanteuse était, depuis 1995, avec le producteur et un musicien éthiopien-américain Bruck Dawit.


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