dimanche 8 janvier 2017

Nancy : un quartier marche pour « ses anges »

La température n’est pas allée au-delà de 0 °C. Dans les mains engourdies par le froid, une rose blanche distribuée à chacun. En mémoire de Kheïla-Jane, 4 ans et de sa demi-sœur Orlanne, 18 mois. Deux fillettes assassinées dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier dans l’appartement maternel (nos précédentes éditions). L’auteur présumé de ce double homicide ? Leur mère, 25 ans. Hospitalisée au terme de sa garde à vue au centre psychothérapique (CPN) de Nancy-Laxou, la jeune femme devrait se voir signifier sa probable mise en examen dès sa sortie.
Si samedi après-midi le quartier de la Chiennerie était dehors, ce n’était pas pour crier justice ou vengeance. Mais simplement pour témoigner - en silence - de son soutien aux familles déchirées de douleur. Ils étaient près de 500, à avoir répondu présents à l’appel lancé par Christelle Jandric et Youcef Hamidaoui, respectivement présidente et entraîneur de l’Olympique d’Haussonville, le club de foot où évolue Hugo, le père d’Orlanne. Le petit club s’est mobilisé sans compter pour l’organisation de l’événement. « On ne s’attendait pas à autant de monde. Après ce qu’il s’est passé, c’était important. Nous sommes tous touchés, tous concernés : Kheïla et Orlanne, ce sont aussi nos enfants », confie Youcef Hamidaoui.

« C’est terrible d’en être arrivé là »

Avenue du Général-Mangin, les escaliers de béton qui donnent accès à l’immeuble « Les Lilas », théâtre du drame, ont disparu sous les fleurs, les bougies, les photos. À 83 ans, Marylène a tenu à faire le déplacement depuis Villers-lès-Nancy, la commune voisine où était scolarisée l’aînée. « Je ne connaissais ni les enfants ni leurs familles mais je tenais à être présente pour les soutenir. C’est terrible d’en être arrivé là. Je suis croyante et aujourd’hui, je prie pour elles ».
Rachid et Hugo, les pères respectifs de Kheïla-Jane et Orlanne, marchaient d’un même pas. Dignes, quand bien même envahis par un chagrin immense. « Tous ces gens… Ça me fait chaud au cœur », murmure Hugo. « Ils sont tous là en mémoire de nos deux anges ». Rachid, lui, est venu depuis Rennes, où il réside. « C’est beaucoup d’émotion que de se retrouver ici en ces circonstances. Je n’ai pas de mots pour remercier tous ces gens, tout ce qu’ils ont fait en la mémoire de nos filles. Leur démarche est sincère et cela fait du bien de constater qu’elles étaient appréciées de tout le quartier ». Encadré par deux véhicules de police et un service de sécurité composé de riverains volontaires, le cortège sillonnait la cité durant une heure. Avant que la marche ne se termine au pied des « Lilas ».
Gonflés à l’hélium, chargés d’innocence, des ballons lâchés par les enfants filaient vers le ciel. À la rencontre de Kheïla-Jane et Orlanne.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2017/01/08/un-quartier-marche-pour-ses-anges

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