samedi 15 octobre 2016

Le combat des parents continue

Que s’est-il passé ce matin du 9 février dernier au camp militaire de la Courtine, dans le département de la Creuse ? Quelles ont été les circonstances exactes de la mort de Mickaël Lavocat, élève officier en 3e année de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ? Qu’est-ce qui a pu pousser ce jeune homme de 22 ans, équilibré et promis à un bel avenir professionnel, à mettre fin à ses jours avec son arme de service au dernier jour de son stage ? Huit mois après le drame qui a bouleversé leur vie, les parents du défunt se posent toujours ces mêmes lancinantes et éprouvantes questions. Et d’autres encore… « Cela me ronge de l’intérieur, confie la maman, Weyneshet Lavocat. Je n’ai pas encore réussi à faire mon deuil. Tout ce que je veux, c’est que toute la lumière soit faite sur le décès de mon fils. »

Affaire classée sans suite

Ouverte pour « recherche des causes de la mort », l’enquête du parquet de Guéret avait été requalifiée en « provocation au suicide » au lendemain des déclarations des parents dans les DNA. Ils avaient pointé du doigt les nombreuses incohérences figurant dans le dossier, à commencer par la cause du suicide : le prétendu décès d’un père, bien vivant. De quoi faire naître de sérieux doutes sur les premières constatations des gendarmes. Fin mai, le procureur de la République de Guéret rendait publiques les conclusions des nouvelles investigations. Les enquêteurs confirmaient la thèse du suicide et mettaient hors de cause l’encadrement militaire. Le dossier était classé sans suite dans la mesure où, selon le procureur, aucune infraction pénale n’était caractérisée.
Écartés de la procédure, face au silence pesant de l’institution militaire, estimant qu’on leur met sciemment des bâtons dans les roues, les parents ne se satisfont pas de cet épilogue judiciaire. « J’ai l’impression que l’on essaie d’étouffer l’affaire », glisse la maman.
A-t-on examiné toutes les hypothèses, dont celle de l’accident causé par un tiers ? Qui est à l’origine de la rumeur sur le supposé décès de son père ? Mickaël a-t-il subi des pressions ? Comment a-t-il pu se procurer une balle aussi facilement ? Se trouvait-il dans un baraquement ou sur le terrain lorsque sa mort est survenue ? Pourquoi n’avoir pas fait procéder à un examen balistique ? Des questions sans réponse qui soulignent les « zones d’ombre et les contradictions » du dossier. Ils s’en sont émus dans un courrier adressé au ministre de la Défense pendant l’été. Ils lui ont demandé que l’enquête judiciaire soit reprise « sur des bases plus solides » et d’avoir accès, le cas échéant, au contenu de l’enquête de commandement. Nouvelle désillusion : la réponse, rédigée par le service des affaires juridiques du ministère, se contente de résumer les différentes étapes de l’affaire et ne laisse aucune place à un quelconque espoir au sujet d’un éventuel réexamen de l’affaire.
Début août, les parents de Mickaël Lavocat ont adressé une autre lettre, cette fois au président de la République. Émanant d’un membre de l’état-major particulier de la présidence, la réponse qu’ils viennent de recevoir, aussi brève qu’impersonnelle, se révèle toute aussi décevante à leurs yeux.
« Je ne me laisserai pas décourager », promet Weyneshet Lavocat. Son combat continue. Cela pourrait passer par une plainte avec constitution de partie civile auprès d’un juge d’instruction.

http://www.dna.fr/defense/2016/10/15/le-combat-des-parents-continue

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