La société Saudi Oger, fondée par l’ancien Premier ministre libanais et milliardaire Rafic Hariri (assassiné en 2005, et ami de l’ancien président Jacques Chirac) et désormais dirigée par son fils Saad, ne serait plus en odeur de sainteté au palais présidentiel. Non seulement elle paie la crise du brut qui a secoué toute l’économie saoudienne, mais le contexte géopolitique, et le fossé qui se creuse un peu plus chaque jour entre le pouvoir wahhabite et les Libanais pro-chiites, a rendu ce mastodonte de la construction pharaonique indésirable.
Ne pas nuire aux relations franco-saoudiennes
« Le gouvernement saoudien, le prince héritier Mohammad ben Salman en particulier, se venge d’Hariri mais il y a aussi des problèmes de management, financiers, et de corruption propres à l’entreprise », diagnostique, depuis le royaume, un salarié français de Saudi Oger. Il souhaite rester anonyme de « peur de représailles ». De nombreux licenciements ont déjà eu lieu, et en quelques mois, le nombre d’expatriés a baissé. « Chaque jour, des gens démissionnent ». Contraints et forcés. Et sans « iqama », le permis de travail local, certains ne peuvent pas quitter le royaume. Notre interlocuteur ne cherche pas, lui, à revenir en France : « C’est trop risqué, ça ne me garantirait ni salaire, ni indemnité chômage. » Le seul espoir réside, d’après lui, dans le rachat de Saudi Oger par le gouvernement saoudien.Il y a quelques semaines a été versé son salaire… d’octobre 2015. La vie se durcit sur place. « Nous vivons grâce à des prêts de nos familles, nous achetons la nourriture la moins chère », détaille son épouse, « mais certains ne peuvent plus manger, perdent leurs maisons ». L’entraide entre « expats » s’organise. Une collecte de fonds a été organisée avec le soutien de l’ambassade de France à Riyad, qui se dit « pleinement mobilisée pour aider les Français et leurs familles en difficulté à trouver une solution dans les meilleurs délais ». Mais ce n’est pas suffisant, selon la femme, très amère, du ressortissant français. « L’ambassade doit faire pression pour que l’on soit payé. On a peur de passer des années à se battre contre cette bureaucratie corrompue… » Jusqu’à maintenant, la France* est restée très discrète sur le sort de ses compatriotes. « J’ai une lettre de l’ambassade qui me dit clairement que la relation entre les deux pays serait abîmée si elle interférait dans cette affaire… »
Les vacances approchent. Les familles françaises s’inquiètent. Dans leur cauchemar en Arabie Saoudite, elles cherchent inlassablement une oasis d’espoir.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2016/06/18/bloques-sans-ressources-en-arabie-saoudite-en
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