vendredi 29 avril 2016

Pays de Montbéliard : la descente aux enfers d’un père de famille licencié

Quarante-six vols ou tentatives en l’espace de dix mois. Pour bon nombre dans des centres équestres, mais aussi dans des restaurants, locaux associatifs et autres entreprises. Pour l’essentiel dans le pays de Montbéliard, mais aussi du côté de Maîche ou Besançon. Pour chacun d’eux, une constante : des sites visités de nuit, mais surtout vides de tout occupant, souvent équipés de distributeurs de boissons. Et une voiture, en l’espèce une Peugeot 405 de couleur bordeau, qui va mettre les enquêteurs sur une piste qui s’avérera la bonne.
L’histoire de Joël Parmentier tient à une descente vers les abîmes. Et pas sur fond d’alcool. Une spirale que, finalement, seuls les gendarmes ont permis de stopper. À son grand soulagement. « Je suis content que ce soit terminé, j’en avais assez de vivre comme ça ». Car plutôt que demander de l’aide, le quadragénaire a opté pour le côté obscur. « Chaque personne est différente, même s’il existe des services sociaux, personne ne fait la même démarche », rappelle son avocate Me Rota. Laquelle, en ayant procédé au décompte de l’argent dérobé qu’elle estime à 25,86€/j en moyenne sur la période incriminée, entend mettre en lumière une réalité : Joël Parmentier volait pour manger. « Je n’ai jamais fait cela avec plaisir ». Parfois, assure-t-il, il forçait une porte, mais pris de remords, renonçait à poursuivre son larcin. « Moi, je lui demande juste de venir se rendre compte de la façon dont je vis, du travail que j’abats chaque jour », soupire un agriculteur de Maîche, victime de vol. Et, visiblement, touché, comme d’autres par le parcours de Joël Parmentier.

« Je n’ai pas vu d’autres choix »

Rentré chez Peugeot en 1989 comme ouvrier à la chaîne, il est assistant technicien qualité lorsqu’il est licencié en 2011. Le processus de désocialisation s’enclenche alors inexorablement En 2014, parvenu en fin de droits, il est à la rue. Joël Parmentier, divorcé dans des conditions difficiles une décennie plus tôt, n’a plus de famille. Il a bien une fille, laquelle le qualifie de « père exemplaire », mais tente de lui masquer les difficultés auxquelles il fait face. Honteux d’avouer vivre désormais dans sa voiture. Il a bien demandé des places d’hébergement, mais s’est, à chaque fois, confronté à un refus. C’est donc le vol. « Je n’ai pas vu d’autres choix ». Il cible les endroits sur les pages jaunes. Se munit de gants et d’une cagoule. Et fracture les portes à l’aide d’un pied-de-biche ou des tournevis plats que les enquêteurs retrouveront dans son automobile. Mais sa traque ne fut pas aisée. Joël Parmentier changea de voiture déjà. Mais surtout de téléphones à de nombreuses reprises, De sorte à rendre difficile son suivi. « J’utilisais des cartes prépayées, ce qui laissait un délai avant de devoir présenter une carte d’identité que j’avais perdue», bredouille l’intéressé pour balayer toute hypothèse de stratagème volontairement établi. La puce fixée sur son véhicule permet de le «borner» à proximité des lieux d’effraction. L’ancien Peugeot avoue tout, jusqu’à des infractions non portées à la connaissance des gendarmes. A l’exception d’une seule pour laquelle il a été relaxé. Le parquet réclamait 30 mois d’emprisonnement, dont 10 assortis du sursis. Joël Parmentier a été condamné hier à 24 mois, dont la moitié avec sursis. Sans compter l’indemnisation des victimes. Une somme, qui sera pour l’essentiel fixée en juin à l’occasion de l’audience portant sur les intérêts civils. Car de la casse, il y en a eu. Et c’est, du reste, ce que les victimes compatissantes lui reprochent le plus.

http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2016/04/28/pays-de-montbeliard-la-descente-aux-enfers-d-un-pere-de-famille-licencie

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