mardi 19 avril 2016

Meurthe-et-Moselle : le détournement de fonds vire à la tragédie à Dombasle

Quel gâchis ! Tout le monde est abasourdi », commente le maire de Dombasle, David Fischer, d’une voix blanche. L’élu est, comme le reste de son équipe, KO debout. Et cela depuis qu’il a appris le suicide, ce dimanche, de l’un de ses conseillers municipaux : Philippe Longeaux.
Ce dernier qui était âgé de 58 ans et travaillait comme coordinateur sécurité sur les chantiers pour la société Dekra, s’est pendu à son domicile. Il n’a pas laissé de mot pour expliquer son geste. Sa famille indique qu’il était « mal dans sa peau depuis un certain temps ». Mais cet acte désespéré s’inscrit aussi dans un contexte très particulier. Trois jours plus tôt, le conseiller qui était élu depuis 1995 et qui avait la délégation des travaux, avait présenté sa démission.
« C’était quelqu’un de sain qui s’impliquait sans compter pour sa commune, au-delà de tout clivage politique. Mais il était très, très mal et j’ai compris sa décision de démissionner. C’était même tout à son honneur de le faire », commente le maire de Dombasle. Son conseiller municipal lui a, en effet, révélé que sa femme était impliquée dans une affaire d’abus de confiance.

Détournements de fonds à la mutuelle de Solvay

Son épouse est employée comme secrétaire administrative à la société mutualiste de l’entreprise chimique Solvay de Dombasle et, avec sa collègue, secrétaire comptable, elle est soupçonnée d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent.
C’est le commissaire aux comptes de la mutuelle qui a tiré la sonnette d’alarme début avril. « Il a attiré mon attention sur trois chèques bizarres », raconte le président de la mutuelle, Gilles Barbier.
Deux chèques présentaient en effet la particularité de correspondre, au centime près, au montant du salaire (déjà versé) d’une des deux secrétaires, soit autour de 2.000 €. Quant au troisième, il a fait tiquer le commissaire aux comptes car, quand il a posé des questions dessus à l’une des secrétaires, « les réponses ont été floues », indique le président Barbier qui lui-même a eu droit à « des explications douteuses » quand il a interrogé l’une des employées, le 7 avril dernier.
Le dirigeant a alors procédé à des vérifications auprès de la banque de son organisme et il a découvert que les trois chèques avaient fini sur les comptes des deux secrétaires. En se plongeant dans la comptabilité de la mutuelle, il s’est rendu compte de l’existence d’autres chèques suspects.
Il a donc convoqué les deux secrétaires : « Elles ont reconnu des malversations ». Les deux femmes détournaient des chèques et masquaient d’ordinaire ces détournements grâce à « des factures imaginaires de remboursement de soins d’hospitalisation ». Ce qui explique que cela soit passé inaperçu jusque-là : « C’était une goutte d’eau dans les 600.000 € d’indemnisation de soins hospitaliers que la mutuelle débourse chaque année », indique le président qui a joué la carte de la transparence totale et a immédiatement porté plainte.
Pour l’instant, les sommes détournées seraient au minimum de 100.000 € sur ces trois dernières années mais l’enquête confiée à la police de Dombasle ne fait que commencer. « Personne ne comprend ce qui s’est passé. Ces deux employées travaillaient chez nous depuis 34 ans. C’est terrible de découvrir que des collègues, des amies, vous trompent depuis des années. C’est inimaginable ! », réagit le président Barbier, encore sous le choc.
Le dirigeant assure que cette affaire « n’aura pas de conséquence pour les adhérents de la mutuelle et les retraités ». Quant aux deux salariées, elles ont été mises à pied à titre conservatoire et elles sont convoquées à entretien préalable au licenciement.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2016/04/19/dombasle-le-detournement-de-fonds-vire-a-la-tragedie

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