mardi 22 septembre 2015

La soirée entre amis avait viré au drame

Un homme de 26 ans est décédé après avoir pris de la méthadone à une fête en 2012. La responsabilité de ses amis était posée mardi au tribunal.
Tribunal correctionnel de Blois
Ce soir du 28 décembre 2012, plusieurs amis se retrouvent pour passer la soirée ensemble, à Thoré-la-Rochette. Damien et Thomas, 23 et 26 ans à l'époque des faits, sont amis depuis le collège, mais ne se sont pas vus depuis un petit bout de temps. Ce soir-là, les verres d'alcool s'enchaînent, des joints tournent. Thomas demande à Damien de l'héroïne. Ancien consommateur, ce dernier n'en a pas, mais il dispose de méthadone, produit utilisé dans le traitement de la dépendance à certaines drogues. Il va alors donner à son ami 60 milligrammes. Une dose qui va coûter la vie au jeune homme.
Vers 1 h du matin, Thomas ne se sent pas bien. Il a très chaud. Il va faire un tour dans le jardin. Il revient et dit se sentir fatigué. Il va donc se coucher dans le lit de son ami. Vers 3 h 30, Damien veut aller dormir, en compagnie de sa petite amie. Il essaye de réveiller Thomas. Sans succès. Aidé par un copain, il le transporte sur le canapé du salon. Le jeune homme respire encore mais Billy, un des jeunes présents, s'inquiète. Il suggère d'appeler les pompiers. Damien dit que ce n'est pas la peine, qu'après une bonne nuit de sommeil, Thomas ira mieux. Ce qui ne va pas rassurer Billy pour autant. Il veille Thomas toute la nuit, lui donne même ponctuellement des coups dans le thorax pour qu'il reprenne une respiration normale. Vers 9 h du matin, Thomas se met à vomir du sang. C'est là que les jeunes appellent enfin les pompiers. Mais le jeune homme ne survivra pas. Il décède 4 jours plus tard à l'hôpital. Les expertises menées par le médecin légiste concluent que la méthadone est la cause principale de la mort.
« Je voulais en quelque sorte l'aider, je préférai qu'il prenne de la méthadone plutôt que de l'héroïne », explique à la barre Damien, jugé mardi pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. Et si Damien affirme ne pas avoir pris conscience de la gravité de la situation, c'est parce qu'il avait déjà vu son ami toxicomane dans des états similaires. « On se dit que c'est juste une bonne cuite… », dit-il ayant du mal à retenir ses larmes.
Billy, lui aussi, comparaissait également pour non-assistance à personne en danger. « Si je pouvais remonter le temps, j'aurais appelé les pompiers… »

" Le procès du drame de la bêtise "
« Ce procès, c'est celui du drame de la bêtise, a déclaré le vice-procureur, Jean Demattéis. Il aurait pu être sauvé. Ce procès met en exergue que l'alcool, la drogue, les médicaments ne sont pas des produits anodins. » Et d'ajouter : « Ils (les prévenus) ont été dépassés. De toute évidence, ce ne sont pas de mauvais bougres, mais il n'empêche qu'un homme est mort. » Le parquet a requis deux ans de prison avec sursis à l'encontre de Damien, un an avec sursis contre Billy.
« Il était loin de se douter à quel point cette soirée allait bouleverser sa vie et celle des autres », insiste Me Anabelle Redon, avocate de Billy, précisant que le jeune homme est suivi psychologiquement depuis le drame. « La responsabilité morale, il la portera toute sa vie », souligne l'avocate. Des propos relayés par Me Jean-François Mortelette, le conseil de Damien.

Le tribunal a condamné Billy à neuf mois de prison avec sursis et Damien à deux ans avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois, comprenant une obligation de travail et d'indemnisation de la CPAM à hauteur de 16.000 € pour les frais d'hospitalisation de la victime.

http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Actualite/Faits-divers-justice

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