« Caroline est devenue très irascible, agressive pour un rien. Après une première fugue quand elle avait 15 ans, je me suis tournée vers le juge des enfants ». Caroline a testé et refusé tous les dispositifs mis en place dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance. Elle a ainsi fait l’objet de mesure éducative renforcée avant d’être placée en foyer en mai l’an dernier.
Trois séjours en HP trois fugues
Quelques mois plus tard, en octobre, sa mère découvrait que sa fille était dépendante à l’héroïne : « Elle s’était engueulée avec son copain devant le foyer. Il l’avait traitée de grosse toxico. Elle a accepté plus tard de faire une analyse qui s’est avérée positive. Elle se droguait depuis deux ans. Elle m’a dit qu’elle avait fumé son premier joint à 12 ans ».Dès lors, Caroline a séjourné dans trois foyers et fait l’objet de trois hospitalisations d’office en HP. Elle a fugué à chaque fois. « Je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation. D’ailleurs, ces jeunes SDF accros, j’ai l’impression que c’est un phénomène de société… Aucune catégorie sociale n’est épargnée m’a dit la juge. J’ai appelé 35 cliniques en France. Certaines soignent même des patients de 12 ans ! Elles demandent toutes la motivation du jeune. Caroline, elle, est dans le déni. Quand je vois les belles plaquettes sur info drogue service, je sais maintenant que ce n’est pas efficace ».
« C’est comme si je la voyais traverser la rue et se faire écraser sous mes yeux »
« À la maison des addictions, on m’a dit qu’ils ne prenaient que les majeurs. Ils m’ont renvoyée à la Maison des adolescents où on m’a dit que sans déclic de sa part, ça ne marche pas. Je suis allée voir un addictologue qui a prescrit un traitement de substitution qu’elle a fini par rejeter au bout de trois jours. Elle a rejeté tout ce qui a été mis en place. Elle préfère planer, oublier ses souffrances, ses peines. Ça marche sur le moment, mais elle se détruit ».« On ne peut pas la protéger. C’est comme si je la voyais traverser la rue et se faire écraser sous mes yeux. J’ai fait des démarches pour poursuivre son copain. II est majeur, c’est quand même lui qui lui fournit l’héroïne. Il ne se passe rien ! Il y a vraiment une faille dans le système. La juge m’a dit qu’en Angleterre, il existe un dispositif qui prend vraiment en charge les mineurs toxicomanes. Ce n’est pas normal que la société n’offre pas plus d’aide que ça ».
« Je n’en peux plus, j’ai déposé les armes, c’est à elle de faire quelque chose. Je ne voudrais pas qu’elle se sente incriminée. Ce n’est pas contre elle, cet article. C’est pour dénoncer notre impuissance collective »
(1) Les prénoms ont été changés
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