Meurtre de Jérémie Labrousse, jeune Vosgien tué à Marseille : toujours pas de mobile

Epinal. Plus d’un an et demi s’est écoulé depuis cette funeste nuit du 9 août 2013 où en plein centre de Marseille, Jérémie Labrousse, étudiant de 22 ans, s’est fait sauvagement agresser par un inconnu. Ce dernier lui a porté un coup de tesson de bouteille à la gorge. Le jeune Vosgien, originaire des Forges, décédera de ses blessures quelques heures plus tard.

A l’époque, la mort de cet étudiant sans histoire et sans ennemi connu avait causé un grand émoi au niveau national. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, était même descendu dans la cité phocéenne pour s’enquérir de l’affaire.
L’acte semblait purement gratuit car rien n’avait été volé sur le jeune étudiant. Quant à l’enquête, elle s’annonçait difficile au regard du peu d’éléments dont disposaient les enquêteurs de la brigade criminelle de sûreté des Bouches-du-Rhône. Pendant des mois, les policiers ont « avalé » des kilomètres de bandes de vidéosurveillance et arpenté les rues marseillaises à la recherche de témoignages. Les enquêteurs ont finalement réussi à identifier ce fameux inconnu. Il s’agit de Samir Dardouri.
Au moment où son nom surgit dans le dossier, l’homme est incarcéré dans une prison belge pour une tentative de braquage dans une joaillerie bruxelloise. Cet acte, il l’avait commis à peine deux jours après le drame marseillais. Pour ce braquage, l’individu s’était muni… d’un tesson de bouteille.

Procès devant les assises d’Aix-en-Provence

Agé de 33 ans, Samir Dardouri est bien connu des services judiciaires européens. « Il voyageait dans toute l’Europe en utilisant 19 identités différentes. Il a été plusieurs fois signalé et condamné pour de nombreux faits, notamment des vols avec violence et des agressions, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Suisse, en Belgique… », déclare Jean-Jacques Fagni, procureur adjoint au Parquet de Marseille.

« Aucune explication sur les motifs de l’agression »

Extradé sur la cité phocéenne en juin 2014, Samir Dardouri se serait d’abord plongé dans un profond mutisme avant d’avouer, lors d’une audition devant le juge d’instruction Valery Muller, qu’il était bien celui qui avait agressé Jérémie Labrousse. Dans cette affaire, ces aveux sont une grande avancée. Pourtant, une question reste sans réponse : pourquoi a-t-il porté ce coup de tesson à la gorge de l’étudiant ?
Etait-ce pour lui dérober son portable ou de l’argent ? Samir Dardouri a-t-il voulu agresser une autre victime potentielle et le jeune étudiant se serait alors interposé ? Pas de réponse. Et le meurtrier présumé n’a pas été davantage prolixe, fin avril, lors de la reconstitution du crime. « « Il a reconnu les faits, mais il ne donne aucune explication sur les motifs de cette agression. C’ est incompréhensible. On se heurte à cette partie du dossier », lâche Jean-Jacques Fagni.
Pourquoi ? La question taraude encore et toujours l’esprit du juge d’instruction Muller. Aura-t-il une réponse un jour ? Rien n’est moins sûr. Samir Dardouri parlera-t-il lors de son procès ? Pour le savoir, il faudra s’armer d’un peu de patience car l’homme ne sera vraisemblablement pas jugé cette année.
A priori, l’ordonnance de mise en accusation ne devrait être délivrée qu’après les vacances d’été. Quant au procès devant la cour d’assises d’Aix-en-Provence, il pourrait se tenir courant 2016. Mais rien n’est garanti. La liste des dossiers criminels devant les assises des Bouches-du-Rhône est très très longue…
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/05/17/meurtre-de-jeremie-la-reconstitution