samedi 23 mai 2015

L'Arabie saoudite attaquée pour la première fois sur son sol par l'Etat islamique

Au moins 21 personnes ont été tuées et 81 blessées, vendredi, dans un attentat suicide dirigé contre la minorité chiite dans une mosquée de l'est du royaume. Une attaque revendiquée par le groupe jihadiste sur fond d'intervention saoudienne au Yémen voisin.

Jamais elle n'avait encore été atteinte sur son sol par une action du groupe jihadiste. L'Arabie saoudite a été frappé par un attentat suicide sanglant revendiqué pour la première fois par l'Etat islamique, vendredi, qui a causé la mort de 21 personnes et blessé 81 autres, dont 12 étaient "dans un état critique" vendredi soir, d'après un porte-parole du ministère de la Santé saoudien.  L'attaque, dirigée contre la minorité chiite du pays, s'est produite pendant la prière du vendredi dans la mosquée Ali Ibn Abi Taleb à Koudeih, à l'est du royaume.
Le site du quotidien Arryadh a mis en ligne des photos de tapis de prière imbibés de sang et du faux plafond de la mosquée qui s'est effondré en partie sous le souffle de l'explosion. Dans un communiqué mis en ligne sur des sites islamistes, l'EI affirme que "les soldats du califat dans la province de Najd » (Arabie saoudite, ndlr) sont responsables de l'attaque, précisant qu'elle a été menée par un kamikaze qui a actionné une ceinture explosive qu'il portait sur lui dans la mosquée.    Le texte promet aux chiites "des jours sombres" jusqu'à ce que "les soldats de l'EI" les "chassent de la péninsule arabique".
Des mesures de sécurité préventives étaient pourtant en place
L'EI, un groupe extrémiste sunnite, exècre la communauté chiite, qu'il attaque régulièrement, notamment en Irak où il a conquis d'importants territoires. L'attaque de vendredi, la plus sanglante en Arabie saoudite depuis la vague d'attentats d'Al-Qaïda entre 2003 et 2006, a eu lieu malgré les mesures de sécurité préventives motivées notamment par la participation de Ryad aux raids contre l'Etat islamique en Syrie et sa campagne aérienne, au sein d'une coalition arabe, contre les rebelles chiites au Yémen voisin.  
Les autorités saoudiennes ont en effet multiplié ces derniers mois les arrestations d'extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour "attiser les tensions confessionnelles". En avril, elles ont affirmé avoir démantelé une cellule de 65 personnes liées à l'EI et cherchant à passer à l'acte, après avoir arrêté en décembre trois partisans du même groupe accusés d'avoir blessé par balle un Danois à Ryad.  Elles ont en outre élargi une zone tampon le long de la frontière nord avec l'Irak, où l'EI occupe de vastes régions, et construit une épaisse clôture pour se protéger des infiltrations d'hommes et d'armes.
Condamnation internationale
La classe politique, la puissante institution religieuse sunnite et les médias saoudiens ont été unanimes à condamner l'attentat perpétré à Koudeih.  Il a été également dénoncé à travers le monde, y compris en Iran, le rival chiite de l'Arabie saoudite, chef de file des nations sunnites. "L'EI doit être vaincu" et "l'intolérance, la violence et la haine qu'il manifeste doivent être écrasés", a proclamé le Conseil de sécurité de l'ONU en condamnant l'attentat.
Fait remarquable, le grand mufti, le plus haut dignitaire religieux saoudien, a lui dénoncé un "acte criminel" dirigé contre l'unité nationale.  Cheikh Abdel Aziz ben Abdallah Al-Cheikh a estimé que l'attentat avait été commis au moment où le "royaume traverse une passe difficile consistant à défendre ses frontières sud", avec le Yémen. Et d'accuser ses auteurs d'avoir voulu "détourner" Ryad de cette mission, consistant à contrer les rebelles yéménites pro-iraniens.

Aucun commentaire: