mercredi 11 février 2015

Le patron historique de l’abbaye des Sept-Fontaines meurt dans une grande précarité

U n homme bon », « un amoureux des bêtes », « un excellent cuisinier », « un très bon cavalier ». Ceux qui, ce mardi matin, ont appris la funeste nouvelle, n’avaient que des compliments à adresser à feu Michel Nicolle, 57 ans, disparu dans son sommeil quelques heures plus tôt. « J’ai travaillé avec lui à Fagnon de 2001 à 2011, je n’ai jamais eu aucun souci. Jamais un mot plus haut que l’autre. C’est quelqu’un que j’appréciais », confie cet ancien cuisinier. « Il était affable, sympathique, témoigne Patrick Manil, son premier avocat. C’était vraiment un gentil garçon. »
C’est son épouse Christine qui a découvert le décès de son mari, vers 4 heures, mardi matin. Son décès serait dû à un malaise cardiaque. Les secours arrivés sur place n’ont rien pu faire. Ceux qui le connaissaient bien ont retracé le parcours de cet Ardennais pure souche, né à Rethel un demi-siècle plus tôt. Dans les années 80, premier fait d’armes, avec la reprise de l’hôtel-restaurant Le Moderne, situé devant la gare de Rethel.

« Son bonheur lui a été volé »

Quinze ans plus tard, il rachetait au Crédit Agricole, qui le tenait du prince de Mérode, l’abbaye des Sept Fontaines. Là où Charles de Gaulle aimait chasser jadis, un golf avait vu le jour en 1986. Michel Nicolle le géra, puis le fit passer de 9 à 18 trous. Un investissement qui allait devenir un gouffre financier, avec une dette cumulée de 1,9 million d’euros fin 2013.
La reprise par Jean-Loup Petin, il y a moins d’un an, aurait dû être une délivrance. Ce fut le contraire. L’entrepreneur parisien n’a pas payé ce qu’il devait au couple Nicolle (près de 400 000 euros), plongeant celui-ci dans les difficultés. « Cet homme avait un rêve : acheter un bateau de 15 mètres aux Pays-Bas et faire de la navigation fluviale, atteste son ami Christian Chardon. Il voulait partir avec sa femme et leurs deux chiens. Mais il n’a pas pu le faire, car Petin ne lui a jamais payé ce qu’il lui devait. Son bonheur lui a été volé. »
Avocat des Nicolle, Ahmed Harir était mardi à l’aube aux Sept Fontaines. « Ces derniers temps, Michel Nicolle était très fatigué et éprouvé par la tournure de la procédure avec Jean-Loup Petin. Cela l’avait beaucoup affecté. » Les conditions matérielles du couple étaient devenues très dures. « Les Nicolle vivaient dans les combles du club-house de l’abbaye, sans chauffage car Jean-Loup Petin l’avait fait couper. Il leur était même interdit d’utiliser les douches de l’abbaye ! », révèle l’avocat, qui promet de « tout faire pour que la veuve de M. Nicolle obtienne justice »...
Selon des proches, il faisait à peine dix degrés chez Michel Nicolle cet hiver, alors que ce dernier souffrait de problèmes pulmonaires. Ses intimes se consolent en témoignant que le navigateur sans bateau est parti dans son sommeil, et qu’au moment de son ultime traversée, les traits de son visage étaient « paisibles ». Ses obsèques auront lieu samedi, à 14 h 30, à l’église Saint-Nicolas de Rethel.
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