samedi 22 mars 2014

Un accident de travail chez Rœderer jugé devant la cour d’appel

Philippe Meyer a rangé ses pancartes et sa bouteille d’eau, mais s’accroche toujours. En grève de la faim l’été dernier devant la maison de champagne Louis-Rœderer, l’ex-caviste était devant la chambre sociale de la cour d’appel de Reims, hier, pour plaider la reconnaissance d’une « faute inexcusable » de son ex-employeur lors d’un accident du travail (ce qui lui donnerait droit à des indemnités complémentaires).
Âgé de 49 ans, Philippe Meyer avait déjà effectué plusieurs missions en CDD chez Rœderer quand sa vie a basculé, le 3 mars 2008. Ce jour-là, alors qu’il chemine à pied dans les caves, il laisse passer un premier chariot élévateur sur sa droite, mais se fait percuter par un second qui arrive sur sa gauche en marche arrière. Bilan : une jambe écrasée, un coude cassé, dix jours d’hôpital, deux ans d’arrêt, plus de travail depuis.
M.Meyer affirme qu’un carton masquait le gyrophare du chariot, tandis que le conducteur et un témoin disent le contraire. De même n’y avait-il pas de barrière pour « stopper l’arrivée rapide de piétons ». Avocat de l’ex-caviste, Me Étienne Lherbier en conclut que « l’employeur a manqué gravement à ses obligations de sécurité en ne prenant pas les mesures nécessaires à la protection de ses salariés».
« Il y avait au sein de Rœderer une pratique anormale consistant à mettre un cache sur le gyrophare des chariots élévateurs », ajoute-t-il, « car à force, les gyrophares, ça éblouit les caristes. » Il en veut pour preuve une note de service datée du lendemain de l’accident, stipulant qu’il est « formellement interdit de fixer un carton sur le gyrophare du chariot élévateur ». Me Lherbier interprète cette note comme la fin d’une « tolérance » qui avait cours jusqu’alors. Il met également en doute les déclarations du conducteur et du témoin. « Leur présentation des faits est très favorable à leur employeur, mais ça se comprend : ils tiennent à garder leur poste. S’agissant du témoin, en page 1 de son audition, il dit  Je n’ai même pas vu M.Meyer courir avant l’accident  , puis se contredit dès la page 2 :  C’était justement le cas de M.Meyer qui courait pour se rendre à son vestiaire  . »
Pour Rœderer, l’accident est en effet imputable à une imprudence du caviste qui aurait couru. La note de service ? « Un débriefing a eu lieu après l’accident. Il est apparu que par moments, des caches étaient mis. L’entreprise l’ignorait, d’où cette note pour rappeler qu’il ne fallait pas le faire », explique Me Florence Royer. Gyrophare ou non, l’accident aurait quand même pu se produire, précise l’avocate de Rœderer, car un constat d’huissier a établi que les feux de recul du chariot « cachaient les effets du gyrophare ». Enfin, une barrière destinée à « stopper l’arrivée rapide des piétons » n’aurait servi à rien « car M. Meyer s’était déjà arrêté pour laisser passer le premier chariot ».
Délibéré le 21 mai. En attendant, M.Meyer est convoqué le 25 mars en correctionnelle, sur plainte de Rœderer pour « diffamation » en raison de propos tenus lors de sa grève de la faim. Le procès devrait toutefois être renvoyé pour une raison de forme.

http://www.lunion.presse.fr/region/faits-divers

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