vendredi 21 mars 2014

Encore un suicide d'agriculteur dans l'Aisne

CInq suicides d'agriculteurs depuis septembre 2013 : c'est le triste constat dressé ce matin par la chambre d'agriculture de l'Aisne réunie en session à Laon. Le dernier est survenu il y a quelques jours dans une exploitation du canton de Guise. L'exploitant, âgée de 54 ans, vivait seul sur une ferme de grande culture. De quoi alarmer les intervenants de la session de la chambre d'agriculture.
L'an dernier, l'Institut de veille sanitaire avait publié une
étude détaillée et inquiétante sur la mortalité par suicide chez les agriculteurs. Il en ressortait qu'entre 2007 et 2010, le suicide a ainsi fait près de 500 morts dans le monde agricole.
En octobre dernier, nous consacrions un dossier complet au stress des agriculteurs dans notre région. Depuis 2011, un plan de prévention tente de juguler la progression de ce fléau qui frappe d'abord les éleveurs. La Mutualité sociale agricole, bras armé du plan lancé par le ministère de l'agriculture, dispose de plusieurs outils dont la mise en place d'un échéancier de paiement, la prise en charge de cotisations sociales ou la mise en contact avec des médecins ou des psys. Une cellule « pluri-disciplinaire » (Marne-Ardennes-Meuse) à laquelle participe François-Régis Lenoir, directeur de la MSA, se charge de détecter les situations problématiques.
« Pour 2013, sur les trois départements, dix-neuf sont particulièrement suivies, sur une centaine confrontée à de sérieuses difficultés financières. » La MSA a également lancé un cycle de conférences et de « débats théâtraux » au cours desquels des comédiens miment les difficultés des agriculteurs devant des salles combles. Après échange avec le public, celui-ci rejoint les acteurs sur scène. "Libérer la parole, c'est aussi une manière intelligente et drôle parfois de gérer le stress », note Camille Chochoy, chargée de l'action sanitaire et sociale à la MSA. L'organisme, qui dispose d'un bon maillage territorial, se veut également un « guichet unique » où les exploitants peuvent s'adresser sans risquer l'incompréhension.
Si, fort heureusement, le stress ne conduit pas toujours au suicide, il débouche parfois sur un syndrôme d'épuisement professionnel désormais connu sous le nom de "burn out". Là encore, les agriculteurs sont en tête du sinistre palmarès des professions les plus exposées. Une étude à laquelle nous avons consacré un article le mois dernier montre que 24 % des agriculteurs cumulent à la fois une forte charge de travail et un travail compulsif, 24 % se sentent émotionnellement vidés par leur travail, 47 % se sentent fatigués lorsqu’ils se lèvent le matin et qu’ils doivent affronter une nouvelle journée de travail, 53 % se déclarent épuisés à la fin de leur journée de travail.

http://www.lunion.presse.fr/accueil/encore-un-suicide-d-agriculteur-dans-l-aisne-ia0b0n319454

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