mercredi 15 janvier 2014

Drame de Berck : la mère a été réentendue

Fabienne Kabou, mère de la petite Adélaïde, retrouvée morte sur la plage de Berck-sur-Mer, le 20 novembre 2013, aux petites heures du matin, l'a dit : - « sa fille venait du néant et est repartie vers le néant » -...ce néant qui a émaillé ses quinze mois de vie
Excepté ce prénom, - Adélaïde -, cette enfant n'avait pas d'existence légale : elle n'avait pas été déclarée aux services de l'état civil lors de sa naissance, le 9 août 2012 (selon sa mère). La quarantaine, Fabienne Kabou dit suivre des études de philosophie à l'Université de Paris VIII. Le père de l'enfant, dont elle partageait la vie, est quant à lui âgé de 63 ans. Les obsèques de l'enfant avaient connu un certain retentissement, elle qui repose désormais au cimetière de Capécure, à Boulogne-sur-Mer.
Originaire de Saint-Mandé, la première présentation de la mère au TGI de Boulogne-sur-Mer avait fait grand bruit et avait amené dans la ville côtière de nombreux journalistes locaux, régionaux et même nationaux, outre les camionnettes de télévision.
Sa seconde audition aura donc beaucoup moins fait parler d'elle : Fabienne Kabou a en effet été entendue à nouveau par le juge d'instruction chargé de l'affaire, le lundi 23 décembre dernier, toute la journée, toujours assistée de Me Fabienne Roy-Nansion, son conseil. Un interrogatoire qui aurait duré environ douze heures, selon des sources proches de l'enquête.
Si l'accusée reconnaît toujours les faits qui lui sont reprochés, elle les aborde manifestement d'une manière toute particulière. Pas de doute, elle est montée de Saint-Mandé à Berck où elle aurait assassiné sa fille âgée de quinze mois, une enfant qu'elle a déposée et abandonnée sur la plage, à marée montante, avant de regagner son domicile, en région parisienne.
Ses actes ne posent cependant professionnellement aucune difficulté au juge d'instruction chargé de la procédure : un auteur, une toute jeune victime et des faits avoués. Les investigations n'ont donc pas besoin d'être poussées plus avant. Reste toutefois le volet le plus important de l'affaire, celui des points de vue des experts psychologues et psychiatres sur l'état de Fabienne Kabou, sa motivation, ses remords : de nombreux pans vont devoir être examinés.

Un retour en toute discrétion
Le juge d'instruction a sollicité la réalisation de ces expertises dans la droite ligne de l'interrogatoire de première comparution (IPC) : la mise en examen a été entendue le samedi, les demandes d'expertises sont parties du cabinet du juge le lundi suivant, soit moins de 48 heures plus tard. Selon nos informations, le tribunal n'a pas encore reçu les résultats de ces analyses. Me Fabienne Roy-Nansion, face au lourd secret de l'instruction, reste prudente, mais elle a retrouvé dans le cabinet du juge une femme qui n'éprouve aucune difficulté face à sa détention provisoire : « Au contraire, elle s'y sent plutôt en sécurité... », avoue-t-elle. Mais en sécurité par rapport à qui et à quoi ?
S'il ne peut rien être reproché en matière pénale au père de l'enfant, qui devrait lui aussi être réentendu prochainement, il en ira sans doute autrement le jour du procès aux Assises. Sans nul doute Me Roy-Nansion aura des questions à poser sur ce climat familial où l'enfant était devenue « un obstacle à la survie de ce couple », selon la mère.
Sinon, cette femme évolue toujours dans « une sphère parallèle, au 36Óème dessus », explique son avocate. Capable d'expliquer la commission des faits dans tout ce qu'elle représente de sordide, elle ne s'identifie pas pour autant à leur auteur : « Elle a agi ainsi, mais aurait été à ces moments-là quelqu'un d'autre qui n'est pas elle-même... », une sorte de dédoublement réel d'elle-même qui ne correspond en rien à son intelligence, perçue dès sa première audition, y compris au décours de sa garde à vue. La seule manière peut-être pour elle de continuer à vivre « normalement »...
Il est donc peut-être des choses à craindre si cette femme retrouve un jour la réalité de la perception des faits, dans toute leur dureté, dans la vraie vie... Nul doute, en tout état de cause, qu'en pareil cas, les expertises devraient amener de l'eau au moulin de l'ensemble des protagonistes de l'enquête.
Fabienne Kabou est repartie du TGI de Boulogne-sur-Mer, ce lundi 23 décembre dernier, en soirée, vers la maison d'arrêt de Sequedin, où elle est incarcérée. Et ce dans la plus parfaite discrétion. Mieux vaut ainsi pour le respect, la sérénité et l'indépendance de la justice


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