Il est 12 h 10 ce jour-là et il vient de tuer son père, âgé de 65 ans, cardiaque et souffrant d’insuffisance respiratoire chronique, en le cognant, l’étranglant et lui frappant la tête contre le carrelage de la cuisine.
Le tout aux cris de « Crève ! Tu peux crever, tu as assez profité de la Sécu, on t’a assez aidé ! », giflant et tirant sa mère par les cheveux pour l’empêcher de s’interposer. Puis, alors que son père demeure inerte, face contre terre, le visage baignant dans une mare de sang, il lance à l’adresse de sa mère : « Il est crevé le vieux, il a assez fait chier le monde, j’irai même pas à son enterrement. » Et, s’étant relevé, il s’allume calmement une cigarette, accompagnant son geste d’un « je vais lui faire du mal jusqu’au bout », en référence à l’insuffisance respiratoire du défunt qui lui faisait proscrire toute fumée à son domicile.
« Ça a été le défouloir »
Autant de détails que Sébastien Volet avait égrainés calmement au cours de sa garde à vue et qu’il a confirmés, hier, toujours aussi stoïque, devant la cour d’assises du Doubs.Impassible, sans manifester aucune émotion, il se comporte d’avantage tel un témoin que comme l’auteur du meurtre. Très coopérant : « Je pense que c’est les coups de pied et de poing que je lui ai mis qui lui ont brisé les côtes. » Précisant tel ou tel point : « Oui, ça je m’en souviens ! » Écoutant, attentif mais comme étranger aux faits, le médecin légiste décrire « l’agonie courte consécutive à la détresse respiratoire aiguë due à la strangulation, à la fragilité cardiaque et à l’hémorragie provoquée par la fracture de la base du crâne ». N’hésitant pas à admettre, s’agissant de la victime, « oui, quand je parlais de lui, je disais ‘’le vieux con’’ ». Ou encore, reconnaissant de façon très distanciée : « Effectivement, dès que mon père a ouvert la porte, je lui ai sauté dessus et après, ça a été le défouloir. »
Pas moins de 130 internements en dix ans
Un déferlement de violence dont son avocat, Me Liard, lui demande la raison. Sébastien Volet se lance alors dans un impressionnant inventaire de rancœurs, douleurs et traumatismes : « De 0 à 5 ans, j’ai été comme mon père, asthmatique. De 8 à 13 ans, mon frère aîné a abusé de moi. Quand ma grand-mère maternelle est morte d’un cancer généralisé, mon père a dit :’’La vieille, quand elle crèvera, j’irai à la pêche’’, ce qu’il a fait… Moi j’ai fait ma première dépression, j’avais 13 ans. »200 textos de menaces de mort un an auparavant
Suivront des tentatives de suicide et des placements en centres éducatifs fermés (« là, j’ai été violé par quatre autres mineurs »), puis en hôpitaux psychiatriques (pas moins de 130 internements en dix ans, notamment pour ses problèmes de bipolarité).La veille du meurtre de son père, Sébastien Volet était d’ailleurs sorti du centre médico-psychologique de Novillars contre l’avis des médecins. « Je m’y étais fait interner la semaine précédente en demandant qu’ils me trouvent une cure de désintoxication pour mes problèmes d’alcool, mais comme ils ne m’ont rien trouvé, je suis reparti », expliquera-t-il.
L’alcool ? Bien qu’il ait prétendu avoir « bu 6 litres de bière » le matin du meurtre, il n’avait guère plus de 1,20 g d’alcool dans le sang lors de son arrestation, immédiatement après les faits. Qui plus est, il était à jeun un an auparavant lorsqu’il avait envoyé 200 textos de menaces de mort à ses parents depuis Novillars, épisode à la suite duquel son père refusait désormais de le voir.
Un père qui, pourtant, en 2011 et malgré sa maladie respiratoire, l’avait aidé à déménager. Un père qui n’avait jamais levé la main sur lui – pas plus que sur sa mère et ses trois frères.
Un père auquel il voulait, dit-il, avouer son homosexualité « de vive voix, même s’[il] pense que [sa] mère ou [ses] frères lui avaient déjà dit ». Un père dont, plus jeune, il avait « la hantise qu’on [lui] apprenne sa mort dès que le téléphone sonnait lorsqu’il était hospitalisé ».
Un père dont il doit pourtant aujourd’hui assumer le parricide.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/12/19/il-est-creve-le-vieux
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