mercredi 30 octobre 2013

Port-Sainte-Marie. La terrible confession d'Adrien, sauvé in extremis du suicide

Il y a une semaine, sa mère et un riverain sont parvenus à le tirer loin des rails de la ligne Bordeaux-Agen sur lesquels il s’était allongé. à 21 ans, Adrien crie sa désespérance.
Le drame a été évité de justesse. Une fois de plus. Ce soir-là, Adrien, 21 ans, a voulu se coucher sur les rails de la ligne Bordeaux-Agen, du côté de Port-Sainte-Marie. «Je ne sais plus quoi faire, je n’ai pas d’avenir». Sa mère avait suivi. Et un riverain de la voie de chemin de fer donna un coup de main. Le train est passé, Adrien a eu la vie sauve. «Malheureusement, ce n’est pas la première fois», confesse sa mère, hier matin, dans la petite maison familiale près de la RN 113 à la sortie de Port-Sainte-Marie. «Il a déjà tenté de mettre fin à ses jours, plusieurs fois». Lui, Adrien, ne dit rien. Le regard s’enfuit vers l’horizon que barre une colline aux couleurs de l’automne. Et sa mère a peur qu’il recommence, bientôt, prochainement.

«J'ai pas l'argent»

«Malgré l’humanité des gens qu’il a côtoyés depuis ce soir-là.» Il le reconnaît, d’ailleurs. «Les gens se montrent plutôt humains, les gendarmes m’ont écouté». Et ont sans doute compris le désespoir, l’impression de n’avoir aucun avenir qui noie le quotidien d’un jeune homme qui frappe aux portes, «sans qu’une solution ne vienne. Aujourd’hui, j’ai encore un peu de revenu, mais dans un mois, je n’aurai plus rien. Avant, j’avais un logement à Agen, j’ai dû l’abandonner faute de moyens». Avant, il avait une vie sociale, «enfin oui, j’avais des copains et même une copine. Mais quand vous êtes dans la galère, tout le monde s’en va».
Originaire d’Angers, il a débarqué à Agen avec sa famille après avoir déjà galéré du côté de Digne-les-Bains. «Je ne suis pas fait pour suivre les cours de l’école, j’ai un niveau scolaire de 5e. J’avais suivi une formation en maçonnerie, mais j’ai tout abandonné en venant ici». Il a cherché, confirme sa mère, «les saisons dans les vergers et les champs, en frappant à la porte de la Mission locale, de Pôle Emploi, des supermarchés voisins, rien, rien… Et tout fout le camp. Il faudrait que je voie un dentiste, un ophtalmologiste, un médecin généraliste. J’ai pas l’argent».

«Redevenir indépendant»

Et son seul moyen de locomotion, un «scooter», refuse aujourd’hui de démarrer. «C’est de toute façon difficile d’aller à Agen en scooter». Malgré tout, il espère toujours que l’horizon finira par se dégager, que la vie sera un jour plus facile, «que je pourrai redevenir indépendant, trouver d’autres amis. Mais vous savez, même pour intégrer un foyer des jeunes travailleurs, il faut un contrat de travail».

http://www.ladepeche.fr/article/2013/10/30/1741945-port-sainte-marie-adrien-jusqu-au-bout-de-la-desesperance.html

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