mercredi 26 juin 2013

Royan : "Quentin avait toute sa vie devant lui"

Ce 21 juin 2013 aura dû être un jour de joie et de fête pour les Desaegher. Patrick aurait fêté ses 50 ans, avec trois jours de retard, mais le jour même des 18 ans de son fils Quentin. Ce 21 juin 2013, en réalité, a été un jour de peine. Anne-Valérie et Patrick Desaegher, leur fils aîné, âgé de 21 ans, leurs deux filles de 6 et 10 ans, se sont rendus sur le lieu même où Quentin a trouvé la mort le soir du 19 août 2012. Renversé par un véhicule dont le conducteur a poursuivi sa route, laissant Quentin à terre et son ami Christopher sous le choc.
Vendredi dernier, les Desaegher ne se sont pas rendus seuls le long de la RN 150, en face de Leclerc. Avec eux, 150 personnes, amis proches de Quentin, amis de la famille ou simples anonymes révoltés par ce drame odieux se sont rassemblées, en silence, dignement, mais animés par le même sentiment d’injustice qui tient debout Anne-Valérie Desaegher.

« Quentin était menacé »
Anne-Valérie Desaegher n’est pas simplement une mère éplorée et inconsolable, qui a simplement retiré les draps du lit du plus jeune de ses fils, mais sans oser les laver, qui n’entre plus dans cette chambre si pleine de souvenirs heureux, mais continue à la considérer comme « la chambre de Quentin ». Anne-Valérie Desaegher est une mère en colère, aussi. En tout cas une mère qui se demande si la police et la justice explorent une autre piste que celle du banal mais dramatique accident. Car l’attitude de Quentin les mois qui ont précédé sa disparition et certaines confidences des amis de son fils lui ont apporté la conviction que « Quentin était menacé et avait peur ».
« Peur » d’un autre jeune homme, dont la petite amie avait eu un faible pour Quentin. « En novembre 2011, il a reçu des menaces. Selon l’un de ses amis, en juin 2012, il continuait d’en recevoir. D’ailleurs, mi-avril, en se rendant à son travail, à Saujon, où il était en contrat d’apprentissage, une camionnette blanche lui a fait une queue-de-poisson. Il s’est retrouvé dans le fossé, avec sa moto. »
Sans explication
À partir de cet épisode d’avril 2012, Anne-Valérie a vu « Quentin changer d’attitude », montrer des signes « d’agressivité, lui qui était un garçon plein de vie, très joyeux, facile à vivre ». Sa mère ne s’explique toujours pas pourquoi son fils « a abandonné son contrat d’apprentissage du jour au lendemain, alors que la mécanique moto était sa passion ».
Sans explication sur le bouleversement qui a changé son fils les mois précédant sa mort, Anne-Valérie et Patrick Desaegher le sont tout autant sur les circonstances exactes du drame qui s’est joué en une fraction de seconde, le 19 août dernier, peu après 23 heures. Christopher a distingué un véhicule « blanc », sans pouvoir préciser s’il s’agissait d’un utilitaire ou d’un fourgon. Un véhicule dont il a juste vu les feux se rallumer juste après le choc.
« Il y a ce manque… »
« Ma plus grande peur aujourd’hui, c’est qu’on referme le dossier sans qu’on ne trouve jamais le responsable. » Lorsqu’elle exprime ses craintes, la douleur qui se dispute à l’absence éternelle du plus jeune de ses deux fils, Anne-Valérie Desaegher résiste, tente de ne pas se laisser submerger, mais sa voix finit par se briser, s’éteindre quelques instants. Un voile de larmes couvre ses yeux rougis.
« Le plus dur, c’est de continuer à vivre. J’aime tous mes enfants de la même manière, mais il y a ce manque et ça, ça ne passera jamais. Si je devais ranger dans un carton ses affaires, il faudrait carrément qu’on déménage. Parce que sa chambre reste sa chambre. » Mais Quentin est là, tout près de la maison familiale de Saint-Georges-de-Didonne. Inhumé dans le cimetière de la commune. « On ne devrait pas avoir à aller là-bas. Quentin avait toute sa vie devant lui. J’aurais tout donné pour être à sa place. »

http://www.sudouest.fr/2013/06/26/quentin-avait-toute-sa-vie-devant-lui-1096700-1510.php

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