MyTF1News : Vous avez reçu jeudi deux enfants qui venaient d'assister au suicide d'un homme dans leur école. Comment cela s'est-il passé ?
Béatrice Copper-Roger, psychologue clinicienne spécialisée dans l'enfance et l'adolescence : L'école est dans mon quartier et j'ai effectivement rencontré deux des enfants ayant assisté à la scène. Ce qui est important, c'est que les enfants fassent très vite le récit de ce qu'ils ont vu, soit par oral, soit à travers des dessins. Le garçon que j'ai rencontré a dix ans, la petite fille six ans. Ils sont dans un état de sidération très fort. Ce qu'ils ont vu est d'une violence inouïe.
Ce qui m'a frappé chez eux, c'est qu'ils se sont sentis personnellement menacés. Et l'un et l'autre ont cru que l'homme était là pour les tuer. Ensuite, par-dessus cette peur, il y a les images violentes qui s'incrustent, mais qui ne sont presque pas descriptibles pour l'instant. Ils ont tous les deux eu l'impression d'être comme dans une fiction, tout en ayant conscience que c'était réel. Notamment, la petite fille de 6 ans, avait du mal à réaliser que ce qu'elle voyait c'était du sang.
Il y a eu un sentiment d'insécurité immense. La petite fille a dit : "on appelait tous notre maman". Le garçon était en prise direct avec la scène. Il a eu très très peur car il a vu l'homme sortir son revolver de sa poche et a cru qu'il allait être tué. Ensuite, il y a eu cette image extrêmement traumatisante du corps mutilé, cela a provoqué un effroi terrible chez cet enfant.
MyTF1News : Comment travaille-t-on avec de si jeunes enfants pour les aider à dépasser ce traumatisme ?
B.C-R : Etant donné leur âge, les faire dessiner est un support intéressant pour exprimer ce qu'ils ont vu. Ensuite, ce qui est très important, c'est la mise en mots rapide et renouvelée. Il faut les faire parler du récit concret mais aussi des émotions. Hier, le garçon m'a dit qu'il avait eu peur d'être tué. La petite fille m'a, quant à elle, parlé de l'absence de sa maman. Donc, c'est très important pour le travail avec eux ensuite. Il faut aussi un entourage familial rassurant, avec des parents qui vont les conforter dans l'idée que la vie n'est pas que pleine de dangers et qu'on est là pour les protéger.
MyTF1News : Est-ce un travail qui est long ?
B. C-R : Ce temps peut être long mais cela dépend du caractère de chaque enfant. Surtout, on pourra avoir des enfants qui donneront l'impression que tout va bien, que c'est digéré, et puis cela va ressortir un peu plus tard. A travers des cauchemars, des peurs précises ou des phobies. Ce sont des troubles anxieux et il est très important de soutenir les enfants dans ces moments-là.
MyTF1News : Faut-il qu'ils retournent à l'école ?
B.C-R : Oui, et il est très important qu'ils y retournent rapidement. Il faut éviter qu'ils se disent qu'à l'école ils ne sont pas en sécurité et que s'installe une véritable phobie scolaire. Dans l'établissement, une cellule psychologique du Samu a été mise en place pour les aider. Il faut aussi que les parents accompagnent leurs enfants à l'école et leur montrent qu'ils sont confiants dans l'institution. C'est particulièrement important car les enfants sont très tributaires de l'état psychologique de leurs parents.
Béatrice Copper-Roger, psychologue clinicienne spécialisée dans l'enfance et l'adolescence : L'école est dans mon quartier et j'ai effectivement rencontré deux des enfants ayant assisté à la scène. Ce qui est important, c'est que les enfants fassent très vite le récit de ce qu'ils ont vu, soit par oral, soit à travers des dessins. Le garçon que j'ai rencontré a dix ans, la petite fille six ans. Ils sont dans un état de sidération très fort. Ce qu'ils ont vu est d'une violence inouïe.
Ce qui m'a frappé chez eux, c'est qu'ils se sont sentis personnellement menacés. Et l'un et l'autre ont cru que l'homme était là pour les tuer. Ensuite, par-dessus cette peur, il y a les images violentes qui s'incrustent, mais qui ne sont presque pas descriptibles pour l'instant. Ils ont tous les deux eu l'impression d'être comme dans une fiction, tout en ayant conscience que c'était réel. Notamment, la petite fille de 6 ans, avait du mal à réaliser que ce qu'elle voyait c'était du sang.
Il y a eu un sentiment d'insécurité immense. La petite fille a dit : "on appelait tous notre maman". Le garçon était en prise direct avec la scène. Il a eu très très peur car il a vu l'homme sortir son revolver de sa poche et a cru qu'il allait être tué. Ensuite, il y a eu cette image extrêmement traumatisante du corps mutilé, cela a provoqué un effroi terrible chez cet enfant.
MyTF1News : Comment travaille-t-on avec de si jeunes enfants pour les aider à dépasser ce traumatisme ?
B.C-R : Etant donné leur âge, les faire dessiner est un support intéressant pour exprimer ce qu'ils ont vu. Ensuite, ce qui est très important, c'est la mise en mots rapide et renouvelée. Il faut les faire parler du récit concret mais aussi des émotions. Hier, le garçon m'a dit qu'il avait eu peur d'être tué. La petite fille m'a, quant à elle, parlé de l'absence de sa maman. Donc, c'est très important pour le travail avec eux ensuite. Il faut aussi un entourage familial rassurant, avec des parents qui vont les conforter dans l'idée que la vie n'est pas que pleine de dangers et qu'on est là pour les protéger.
MyTF1News : Est-ce un travail qui est long ?
B. C-R : Ce temps peut être long mais cela dépend du caractère de chaque enfant. Surtout, on pourra avoir des enfants qui donneront l'impression que tout va bien, que c'est digéré, et puis cela va ressortir un peu plus tard. A travers des cauchemars, des peurs précises ou des phobies. Ce sont des troubles anxieux et il est très important de soutenir les enfants dans ces moments-là.
MyTF1News : Faut-il qu'ils retournent à l'école ?
B.C-R : Oui, et il est très important qu'ils y retournent rapidement. Il faut éviter qu'ils se disent qu'à l'école ils ne sont pas en sécurité et que s'installe une véritable phobie scolaire. Dans l'établissement, une cellule psychologique du Samu a été mise en place pour les aider. Il faut aussi que les parents accompagnent leurs enfants à l'école et leur montrent qu'ils sont confiants dans l'institution. C'est particulièrement important car les enfants sont très tributaires de l'état psychologique de leurs parents.
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