dimanche 7 avril 2013

Bayonne : le lieu du drame restera leur maison de famille

Le service à thé immaculé voisine avec les verres à pied à liseré doré, dans le joli buffet. Danielle et Peio Hirigoyen ont déjà déménagé l’essentiel de leurs affaires dans leur maison du bord de Nive, à proximité du terrain dit de « La Floride », en contrebas de l’hôpital. Et demain, les époux finiront de s’installer dans la demeure aux volets bleus. « On aurait pu attendre le mois de mai, mais c’est dur pour nous. Cela sera dimanche », confirme Danielle Hirigoyen.
Car samedi 4 mai, six ans, jour pour jour, se seront écoulés depuis le drame. Mercredi 4 mai 2007, des pluies diluviennes avaient occasionné un glissement de terrain. Au matin, une partie du coteau au-dessus de l’habitation de la famille Hirigoyen avait glissé en contrebas, emportant une cuve de propane, qui avait elle-même défoncé le mur de la salle de bain. Rudy, le fils des époux Hirigoyen, Laurence leur belle-fille, et Élise leur petite-fille, avaient péri, asphyxiés.

Travail de deuil
« Après, si on nous avait dit : ‘’On démolit la maison, on signait’’», se souvient Danielle Hirigoyen, qui a hérité le bien de ses parents. Mais au fil du travail de deuil, la maison de bord de ruisseau a été cet objet dont le couple s’est saisi pour tenter de se reconstruire. « Quand on avait le cafard, on venait. Cela nous faisait du bien. Maintenant, on se dit, il faut y être. Ils (ses enfants et sa petite-fille, NDLR) ont vécu ici. La maison sera pour Manon. »
Manon, qui avait 18 mois en mai 2007, rescapée de l’accident, a aujourd’hui sept ans et demi. Adoptée par le frère et la belle-sœur de Rudy, elle « va bien », disent Peio et Danielle. La petite-fille dont l’un des dessins intitulé « Bonne fête Nanie » est déjà affiché dans la salle à manger refaite à neuf, n’est jamais revenue dans la maison de Bayonne. « On dit à Manon “la maison a été cassée” ».
Aujourd’hui, la demeure est en partie « réparée ». Manon a même choisi le rose fushia de la chambre du haut, où elle dormait la nuit de l’accident. À écouter Peio et Danielle, on entend que ces travaux ont fait partie de leur travail de deuil. « Depuis six ans, on s’est bagarré, bagarré, bagarré, bagarré », annonce Peio Hirigoyen.
Les travaux de réfection de l’intérieur de la maison Hirigoyen sont en cours de finition. Mais le plus impressionnant est la facture du chantier du mur en béton, édifié pour stabiliser le coteau dominant la maison : environ 240 000 euros, selon Me Françoise Lucchesi-Lannes, avocate des époux Hirigoyen.
Le paiement a été avancé par trois sociétés d’assurances - Allianz, pour les époux Hirigoyen, Axa pour le terrain, et Antargaz - sans aucune reconnaissance de responsabilité.
Garantir la sécurité
Réalisé en plusieurs phases (expertise, mur de soutènement, sommet du talus), le chantier du mur a permis à la Ville de Bayonne de prendre, le 26 mars 2012, un arrêté autorisant à la famille Hirigoyen à réintégrer son habitation.
Rappelons que le 8 janvier 2008, la municipalité de Bayonne avait pris un arrêté interdisant l’accès aux lieux, pour garantir la sécurité de ses propriétaires.
Pour les besoins des travaux du mur en béton, la société girondine qui a réalisé le chantier avait fait acheminer une grue d’une capacité de 48 tonnes.
Selon Danielle et Peio Hirigoyen, les pieds de l’engin auraient produit de gros dégâts. « Deux pieds ont écrasé la fosse septique. Lorsqu’elle a été contrôlée en décembre 2012, tout était abîmé, les tuyaux étaient écrasés, elle ne fonctionnait plus. » La réalisation du chantier aurait aussi endommagé la clôture et le goudron devant la maison.
Sur la question de la réparation du préjudice financier suite au drame de 2007, Me Françoise Lucchesi-Lannes, a assigné en référé pour l’audience de mardi 9 avril au tribunal de Bayonne. Le dossier devrait être renvoyé.

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