vendredi 22 mars 2013

Drame à Carcassonne : «Mon fils de 14 ans s'est suicidé»

Le 23 février, le fils de Gilles et Gaëlle Tranchand s'est pendu dans sa chambre. Alexandre, 14 ans, n'a laissé aucune explication. Ses parents aujourd'hui désemparés, témoignent et cherchent à comprendre.
À la douleur a succédé le désarroi. À l'incompréhension la culpabilité. Celle de n'avoir rien vu, rien pressenti. Depuis ce 23 février, Gaëlle et Gilles ont perdu pied. Des yeux bleus de Gaëlle, plus une larme ne semble vouloir perler sur ses joues. Pour le clan Tranchand, la vie s'est arrêtée brutalement, le premier jour des vacances de février. «À 14 heures, se souvient Gaëlle, je suis entrée dans la chambre d'Alexandre… Il était pendu à son lit». Durant cinquante minutes, pompiers et médecins batailleront contre la mort. Trop tard pour le jeune garçon de 14 ans, scolarisé en 3e au collège Jeanne d'Arc. «La matinée s'était passée tranquillement, se souvient sa maman. Nous étions passés par le magasin King Jouets. Après déjeuner, je lui ai demandé d'aller ranger sa chambre…».
Gaëlle marque une longue pause et triture machinalement l'une de ses bagues. Gilles, debout et adossé à un buffet, reste silencieux avant de se saisir d'une cigarette qu'il va griller en quelques secondes, sur la terrasse du petit pavillon de ses beaux-parents. «Aujourd'hui, je me sens impuissante car on ne peut plus rien faire…» reprend la maman d'Alexandre. Et puis il y a cette culpabilité. Insidieuse. À fleur de peau. «Je suis coupable de ne pas avoir vu ce qui se passait, j'aurais dû être à son écoute». Michèle, la grand-mère d'Alexandre sèche ses larmes, ressassant à l'infini une question unique. Pourquoi ?

«Il n'y a que lui qui a la réponse»

Pourquoi un gosse de 14 ans met-il fin à ses jours sans laisser une seule explication ? «Il n'y a que lui qui à la réponse», reprend sa mère. Depuis la famille fait bloc. Et ressasse. Gilles (57 ans) et Gaëlle (40 ans) ont quitté leur maison pour trouver refuge chez Michel et Michèle, les grands-parents d'Alexandre. Une sorte de cocon sécuritaire. Tous les quatre, réunis dans le petit pavillon de Montredon, coquet et bien entretenu, ils cherchent. Mais toutes leurs questions restent sans réponse. Alexandre était un enfant comme les autres, passionné de sciences.
«Mais aussi un peu immature, note sa mère. Il collectionnait les peluches de Panpan, le petit lapin de Bambi. «Il en avait 106» précise Gaëlle. La mort ? Il n'en parlait jamais selon sa famille. «Il n'y pensait pas», assure Gilles, son père. Dépeint comme «affectueux, cultivé, généreux, serviable, attentionné», par l'un de ses anciens professeurs, Alexandre avait achevé son stage de 3e au laboratoire vétérinaire départemental, la veille du drame. Il en était revenu «enthousiaste» se souvient Gaëlle. Un mois après le drame, sa mère ne cesse de tourner et retourner cette phrase qu'Alexandre lui aurait dite, le vendredi 22 février : «Je ne veux pas retourner à l'école !». Alexandre aurait-il pu souffrir en silence dans sa classe ? «Ces notes ont chuté après les vacances de la Toussaint», explique Gaëlle, mais il n'y avait encore rien d'inquiétant. Alors la famille d'Alexandre se raccroche à cette hypothèse : Alexandre était malheureux au collège. Certes, le jeune garçon aurait eu, selon sa mère, quelques démêlés en début d'année avec un élève. «Un des élèves l'avait traité de gros, qu'il n'avait jamais couché avec une fille» souligne sa mère. Mais de rien bien grave au final.

«Timide et réservé»

Aujourd'hui, la famille reste convaincue que le suicide d'Alexandre puise ses racines, derrière les murs du collège. Un réflexe d'auto-protection. Compréhensible et salvateur. Mais là encore, le fil est ténu (voir ci-dessous). Son grand -père Michel qui venait de temps à autre jusqu'au collège pour ramener son petit-fils dit n'avoir «jamais rien vu» à la sortie de l'établissement. Alors…
Si Alexandre était un garçon «timide et réservé» il avait toutefois obtenu l'adhésion de tous ses camarades pour devenir délégué de classe suppléant. A la maison, il dévorait Sciences et vie junior et sa «marraine de cœur», dit encore sa mère l'avait abonné pour Noël à Sciences et vie, tout court, en guise de cadeau de Noël.
Alexandre était même enthousiaste à l'idée de partir aux États-Unis, à l'occasion des vacances de Pâques. «On avait tout réservé pour partir sur la côte ouest, on en parlait, on était tous très impatients», relate encore Gaëlle.
Michèle, la grand-mère, s'en veut elle aussi de n'avoir rien découvert. «J'étais si proche de lui et pourtant… Qu'est ce qui a pu déclencher ça ?» Le 23 février, Alexandre a emporté avec lui son secret.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/21/1587872-drame-a-carcassonne-mon-fils-de-14-ans-s-est-suicide.html

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