"Ce n'est pas possible. Il est encore vivant, il va revenir d'un instant à l'autre… " Traits tirés, yeux rougis, Mireille et Émily, femme et fille unique de Joaquin Moralès, « ne (réalisent) toujours pas » qu'elles ne reverront plus leur époux, leur papa.
Alors qu'elles se préparaient à vivre « un rêve, toute la famille travaillant dans le même restaurant », elles traversent désormais « un terrible cauchemar ». Depuis ce dramatique soir du 3 janvier, quand Joaquin, un habitant du Val, est abattu de deux décharges de chevrotine devant le restaurant qui devait ouvrir quatre jours plus tard, le Mily mètre, sur la RDN7 entre Saint-Maximin et Aix, sur la commune de Trets.
" On se projetait, on se faisait une grande joie de la fête qui s'annonçait. " Si les deux femmes de sa vie témoignent aujourd'hui, c'est avant tout pour rendre un vibrant et émouvant hommage à cet homme " d'une incroyable bonté ". Et surtout pour couper court à la moindre rumeur qui pourrait ternir sa mémoire.
" Certaines personnes imaginent des pistes crapuleuses. Mais c'est impossible. Mon mari ne me cachait rien, nous partagions tout, faisions tout ensemble. Tous ceux qui le connaissaient peuvent vous assurer qu'il s'agissait d'un gros travailleur et d'un honnête homme. Dans le milieu de la restauration, on disait de nous : "Vous êtes des Bisounours, des vrais gentils". »
« Il n'était ni mafieux, ni voyou, ni proxo, ni dealer, poursuit sa fille. Il n'a jamais eu aucun souci avec la justice. Il était un mari exceptionnel, un père fabuleux et, depuis deux ans, un papy gâteau. Il rayonnait, avait faim de vie. Il apportait de la joie autour de lui. À chaque fois qu'on évoque son souvenir, on a le sourire, on a une foule d'anecdotes rigolotes… À côté de cela, il travaillait dur, sans cesse, pour mettre sa famille à l'abri du besoin. Il aura d'ailleurs travaillé jusqu'à ses derniers instants. Ils nous ont enlevé un ange, un véritable seigneur. "
Des témoignages de toute l'Europe
Aujourd'hui, les deux femmes ont du mal à se reconstruire. " On fait face ensemble, mais c'est dur. J'ai tellement de haine en moi que je ne parviens même pas à pleurer mon mari ", confie Mireille. " Il y a tellement de questions sans réponse, de colère, que nous ne pouvons pas faire notre deuil. "
Dans ces heures si sombres, quelques réconforts émergent quand même. Réchauffent les âmes meurtries. " Des centaines de personnes sont venues à son enterrement, la semaine dernière au Val. Il a fallu trois véhicules pour transporter les fleurs. Certains routiers sont venus exprès de Mazamet et Toulouse pour y assister ! Tous les jours, nous recevons encore des messages de sympathie de toute l'Europe, de chauffeurs de poids lourds d'Italie, d'Espagne, de Hollande, qui faisaient halte dans le "restaurant de Jo". Ce n'est pas rien, ça veut dire que c'était quelqu'un. Quelqu'un de bien. "
Joaquin a été cruellement et subitement enlevé à l'immense amour de ses proches, qui brûlent désormais de savoir qui a pu commettre un tel acte, et pour quelles raisons. « Quand ils l'ont tué, d'une certaine façon, ils m'ont tuée aussi », conclut Émily.
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