Vendredi, l'avis favorable rendu le 20 décembre par la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) à la déclassification de deux nouvelles vidéos de cette opération est paru au Journal officiel. Mais la famille de Vincent Delory, dont les causes du décès restent troubles, a aussi appelé à une commémoration en hommage aux deux otages morts. Délaissées par les institutions, la famille linselloise organise elle-même un hommage dans l'intimité cette année.
Annabelle Delory explique cette démarche dans un communiqué :
«Vincent DELORY et Antoine de LEOCOUR avaient 25 ans lorsqu'ils ont été enlevés par AQMI à Niamey, la capitale du Niger. Le lendemain de leur enlèvement, le 8 janvier 2011, ils ont été tués lors de l'intervention militaire française au Mali, destinée à arrêter le convoi des terroristes. Invité au mariage d'Antoine, Vincent venait d'arriver à Niamey, on lui avait assuré qu'il n'y avait aucun danger ! Le Président de la république, le ministre des Affaires Étrangères et même l'Armée ont reconnu qu'en se rendant à ce mariage, Vincent n'avait commis aucune imprudence. Rien à l'époque ne pouvait indiquer qu'il y avait un risque d'enlèvement dans cette partie du Niger qui était déclarée Zone Verte (vigilance normale) par le quai d'Orsay. Le représentant de l'Armée a même déclaré que : « si l'on avait mis Niamey en zone rouge, on aurait dû mettre le monde entier en rouge ».
Vincent avait suivi toutes les recommandations de sécurité de l'époque. Et pourtant…
A l'approche du deuxième anniversaire de ce drame, la famille de Vincent DELORY souhaite que leur martyr ne soit pas oublié. Enlevés parce qu'ils étaient français, ils ont été victimes de la folie du terrorisme. Mais le dénouement dramatique de cette prise d'otage résulte d'une décision politique, d'une volonté de fermeté à l'égard du terrorisme, qui ne leur a laissé aucune chance, « ne rien faire, c'est donner un signal que la France ne se bat plus contre le terrorisme » avait déclaré Alain JUPPE en Janvier 2011 (il était alors Ministre de la Défense). Aujourd'hui, le fait qu'ils aient été sacrifiés pour une raison d'État n'est toujours pas assumé officiellement. C'est pourtant la seule chose qui permettrait de donner un peu de sens à ce drame, pour qu'ils ne soient pas morts pour rien. Symboliquement, Vincent et Antoine devraient pouvoir être reconnus « victimes du terrorisme », nouveau statut créé il y a quelques semaines, à la demande des familles, avec l'appui de Monsieur Gérald DARMANIN, député de la 10° circonscription du Nord.
Cependant, contrairement à la mention « Mort pour le service de la Nation », créée simultanément, aucun contenu n'a été attaché pour le moment à ce statut. Les commémorations et le devoir de mémoire envers les victimes du terrorisme reposent donc toujours uniquement sur les proches, les institutions ne souhaitant pas s'y impliquer.
La famille de Vincent n'ayant pas réussi à organiser seule une commémoration officielle pour le 8 janvier 2013, elle rappelle qu'une stèle en leur mémoire a été inaugurée l'an dernier au cimetière de Linselles. Elle invite tous ceux qui le souhaitent et le peuvent, à s'y rendre individuellement ces
jours-ci pour leur rendre hommage et manifester leur soutien envers ces 2 innocents sacrifiés et plus largement, envers l'ensemble des victimes du terrorisme. Sa famille tient également à préciser que les circonstances de la mort de Vincent ne sont toujours pas établies. L'instruction en cours est en attente de la déclassification des documents militaires de l'intervention dans laquelle il a péri brûlé vif, lors de l'explosion du véhicule dans lequel il se trouvait. La Commission Consultative du Secret Défense a rendu fin décembre 2012 un avis favorable à la déclassification ; elle doit maintenant être confirmée par le Ministre de la Défense, Jean Yves LE DRIAN. Cette déclassification a été promise aux proches de Vincent par le Président de la
République en octobre 2012. Ces éléments sont indispensables pour compléter les nouvelles expertises médico-légales demandées par Maître Frank BERTON, avocat de la famille DELORY, afin d'établir les causes de la mort de Vincent. D'autre part, conformément aux engagements du Président de la République, la famille attend toujours que la saisine des juges soit étendue à des faits d'homicide involontaire pour que la Justice puisse établir les circonstances exactes de ce drame. A l'occasion de ce deuxième douloureux anniversaire, les proches de Vincent souhaitent, plus que jamais, connaître la vérité sur sa mort. Ils ne sont pas animés par une volonté de vengeance, ni par la recherche d'un coupable. Ils recherchent uniquement à comprendre comment les événements ont pu se finir aussi tragiquement, pour essayer de l'accepter.
Parce que cela n'aurait jamais dû arriver, et pour que cela ne se reproduise plus jamais, la famille et les proches de Vincent souhaitent que l'on continue d'honorer leur mémoire, malgré le temps qui passe, pour que l'oubli ne les tue pas une seconde fois.»
http://www.lavoixdunord.fr/region/mort-d-antoine-et-vincent-au-mali-vers-la-levee-du-jna0b0n939147
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