samedi 20 octobre 2012

Ils étaient morts depuis dix jours

Le fils âgé de 63 ans gisait devant la porte d'entrée. La mère, âgée de 96 ans, était aux pieds de son lit. Drame de l'isolement à Sains-en-Amiénois.

C'est une famille bourgeoise, sans souci d'argent. La maison, située au 15 rue de la Chaussée à Sains-en-Amiénois, au sud d'Amiens, est élégante, très bien entretenue, mais stricte et monochrome. Jeudi à 18 heures, les deux occupants des lieux ont été retrouvés sans vie.

Christian Duroyon, 63 ans, gisait devant la porte d'entrée. Sa mère, Geneviève, 96 ans, a été retrouvée dans sa chambre, au pied de son lit. Mort naturelle pour tous les deux, a conclu le médecin légiste sur place. Les décès sont intervenus il y a 10 jours. L'affaire n'a rien de criminel, l'enquête est close.

L'histoire est triste. C'est celle d'une mère et de son fils morts tous les deux pour cause d'isolement. Personne ne s'était inquiété de ne pas les avoir vus.

Le fils a peut-être fait un malaise qui lui a été fatal à l'extérieur, la mère, grabataire et alitée, s'est peut-être éteinte parce que son rejeton n'était plus là pour l'alimenter.

«Il ne sortait que le samedi matin pour aller à Auchan »


C'est le porteur de journaux, inquiet de voir la boîte aux lettres pleine à craquer, qui s'est inquiété auprès de la boulangère de la commune. Cette dernière s'en est ouverte à un voisin des Duroyon, qui a téléphoné au voisin direct.

Claude est allé sonner au portail. Pas de réponse. Il a téléphoné, pas plus de succès. Il a alors regardé par-dessus la haie, il a vu qu'un volet était ouvert. En fin de journée, il a regardé de nouveau.

Rien n'avait bougé, aucune lumière n'était allumée. Il a alors décidé de passer par-dessus le portail pour aller frapper à la porte de ses voisins. Et c'est là qu'il a découvert le corps de Christian Duroyon.

Le fils et la mère ne côtoyaient personne, par choix. Il en était de même quand le père, un notaire, était toujours vivant, il y a une dizaine d'années. Personne dans la commune n'a jamais eu l'autorisation d'entrer dans la maison.

«C'était des gens très très discrets, on ne les voyait nulle part », explique le maire, Daniel Wartelle. Pas d'activités dans la commune, pas d'achats à la boulangerie ou dans les commerces locaux, et pas de visite non plus. «Il m'avait dit qu'il ne sortait que le samedi matin. C'était pour aller faire les courses à Auchan », raconte une voisine.

Christian Duroyon était fils unique, toujours resté vieux garçon. Il travaillait dans une société d'assurances à Amiens, avant de prendre sa retraite, il y a environ deux ans.

Il passait le bonjour à ses voisins quand il les voyait, rien de plus. Il ne s'occupait qu'à l'entretien de la maison, et surtout à soigner sa maman. Il n'a jamais voulu d'aide extérieure.

L'isolement des Duroyon était tel que même leurs voisins directs ignoraient le nom de la maman, Geneviève, elle qui habitait là depuis au moins 35 ans. «Un cousin a pu être contacté. Ils ne voyaient plus leur famille depuis 12 ans », rapporte le maire qui précise que pour autant, «ce n'était pas des gens en souffrance ».

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Ils-etaient-morts-depuis-dix-jours

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