Depuis lundi, les appels à l'apaisement se multiplient à Echirolles, près
de Grenoble, après le
meurtre de deux jeunes lors d'une bagarre qui a dégénéré en bataille rangée,
avec couteaux, marteaux et manches de pioche. Ce mardi à 18 heures, une marche
blanche est prévue en hommage à Kevin, étudiant en master, et Sofiane, âgés tous
deux de 21 ans. François
Hollande, venu lundi soir avec Manuel
Valls à la rencontre des familles des deux victimes, a assuré que
"tout" était "fait pour retrouver les auteurs de ces crimes odieux".
Le déplacement du président de la République, qui avait déjà
parlé aux proches des deux jeunes tués par téléphone, avait été annoncé au
dernier moment. De nombreux habitants l'attendaient cependant au pied de
l'immeuble des familles des victimes. Prenant la parole peu avant 21 heures, à
l'issue d'une rencontre dans le quartier, le président de la République a fait
part de sa "solidarité au nom de la France toute entière". Quant aux agresseurs,
"une fois appréhendés, ils seront traduits devant la justice pour recevoir la
condamnation qu'ils méritent", a-t-il ajouté. Interpellée par une habitante -
"j'ai voté pour vous" - sur l'insécurité dans ce quartier, le chef de l'Etat,
visiblement ému, a répondu : "Je suis là pour apporter sécurité, justice et
réussite".
Une rivalité entre deux quartiers
Deux premières interpellations ont eu lieu lundi après-midi
dans l'agglomération grenobloise et à Hyères. D'après Europe 1, les deux
suspects seraient deux frères, des militaires, originaires du quartier de la
Villeneuve, dans la banlieue de Grenoble. Selon des jeunes du quartier, cette
violence trouverait sa source dans la rivalité existant entre les deux quartiers
de La Villeneuve, à cheval entre Grenoble et Echirolles. "Depuis les années 70,
c'est eux contre nous. Mais c'est la première fois que ça tourne comme ça",
affirme l'un d'eux.
Difficile, sans ce contexte de violence, de comprendre comment
une banale friction pour un "mauvais regard" a pu à ce point dégénérer. C'est à
la suite d'une première dispute vendredi vers 17 heures entre Wilfried, petit
frère de Kevin, et un camarade, à la sortie du lycée, que Kevin et Sofiane ont
été lynchés vendredi soir par un groupe d'une quinzaine de jeunes. Scolarisé en
1ère, Wilfried, 16 ans, "ne parle pas, il est assommé, sous le choc", a déclaré
Jean-Louis Lopez, proviseur du lycée. Quant à son grand frère, c'était "un gamin
studieux, sérieux, qui ne sortait pas et incitait ses camarades à travailler",
a-t-il ajouté. Dans le lycée, une cellule d'écoute composée de deux
psychologues, d'un médecin conseil de l'inspection académique et d'une
infirmière a été mise en place. "Nous appelons tous les élèves, tous les jeunes
d'Echirolles et d'ailleurs, tous les parents, à la dignité et à l'apaisement",
ont déclaré lundi matin les professeurs du lycée Marie-Curie d'Echirolles, où
avaient été scolarisés les deux victimes, dans un message lu aux élèves. "Les
seules réponses face à un tel drame sont celles de la fraternité, de la
solidarité et de la non-violence", ont-ils ajouté.
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