Patrick Raucoules a voulu témoigner de son soutien aux familles des victimes de son fils, qui a poignardé trois de ses salariés, tuant l'une d'entre elles.
C'est un homme effondré. Patrick Raucoules a tenu à s'exprimer hier en se rendant à la rédaction de La Dépêche du Midi. «Dans cette affaire, je porte plusieurs casquettes, celle de père, celle de collègue et celle de patron» nous a-t-il déclaré les larmes aux yeux. C'est son fils Guillaume, 21 ans, qui a poignardé trois de ses salariés jeudi matin dans le restaurant L'Olivier qu'il dirige depuis 17 ans. Sofya Asres, apprentie serveuse de 22 ans, est décédée d'un coup de couteau à la carotide. Lætitia Cabrol, 18 ans, cuisinière, et Katia Etancelin, 23 ans, chef de rang, ont été grièvement blessées. Patrick Raucoules est aussi une victime collatérale de ce drame. Cet employeur considérait ses salariés comme ses collègues, presque comme ses enfants. Il a vu mourir l'un d'eux à qui il venait de donner sa chance et a perdu «un fils et un établissement». Cet homme de 50 ans, profondément marqué par ces événements tragiques, a voulu témoigner pour apporter son soutien aux familles des victimes.
Pourquoi voulez-vous parler après ce drame ?
Mon souci est d'être auprès des familles des victimes. Je comprends la douleur des familles, et particulièrement celle de Sofya. Comme je leur ai dit le lendemain matin en les voyant effondrés, j'ai perdu leur enfant et aussi le mien dans ce drame. J'ai appelé Katia, j'ai essayé de joindre la famille de Lætitia. Je n'ai pas pris conscience de l'état de mon fils Guillaume sinon j'aurais agi avant. Il est mon seul enfant et je l'ai élevé avec ma famille et mon entourage en étant le seul parent.
Comment expliquez-vous le geste de votre fils ?
Je n'ai pas d'explications. Je n'ai rien vu venir. Je n'ai pas compris. Il n'a jamais eu de signe de violence ou d'agressivité. C'est d'autant plus incompréhensible. La veille encore, on mangeait ensemble. Le matin même il n'y avait pas eu de problèmes. Je n'ai rien pu faire.
Guillaume évoque des moqueries de ses collègues pour expliquer son geste ?
Cela faisait un peu plus d'un an qu'il avait souhaité travailler pour moi après avoir travaillé trois ans dans un autre établissement. Tout le monde s'entendait bien dans l'équipe. Ils sortaient tous ensemble. Ils faisaient des choses ensemble en dehors du restaurant. J'ai toujours formé des jeunes. Comme Sofya qui était charmante, travailleuse. Elle m'a remercié de lui donner sa chance. C'est notre devoir de former les professionnels de demain. Forcément avec des jeunes, j'ai connu quelques problèmes. Mais là en ce moment, avec eux, tout roulait bien. Tout était nickel. On avait 700 couverts pour le week-end suivant. Et tout était dans les temps. Si on n'était pas bien dans l'équipe, on n'aurait pas pu sortir tout çà. Dans notre métier, on prend du plaisir à faire plaisir à nos clients.
Pourquoi évoque-t-il cela alors ?
Il est malade. Il a basculé dans la démence. Il n'y a pas d'autres explications. Le juge d'instruction m'a dit qu'il allait demander une expertise psychiatrique d'ici la fin de l'année. J'avais bien senti une fragilité chez lui ces derniers temps. Il se sentait persécuté. Même par moi. Mais je l'avais rassuré. On avait eu une longue discussion. Mais c'était plus profond, plus latent, et on n'a pas mesuré l'ampleur que cela a pris. Sinon je l'aurais fait soigner. Mon souci de père maintenant, c'est de l'aider à guérir pour ne pas qu'il provoque un autre drame ou qu'il porte atteinte à sa propre vie. Je ferai tout pour l'aider malgré ce qu'il a fait. Je vais remplir une demande pour aller le voir en prison.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/23/1472190-castres-drame-a-l-olivier-j-ai-perdu-leur-enfant-et-le-mien-dans-ce-drame.html
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